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Charles Edelstenne, le gardien du Temple de l'empire Dassault

Charles Edelstenne, qui succède à Serge Dassault à la tête du groupement familial, est un pilier historique du groupe aéronautique auquel il a consacré sa vie avant d'en devenir le gardien du Temple aujourd'hui.

Remarqué par le fondateur Marcel Dassault après avoir rejoint l'avionneur à la fin des années 1950, il a pris part aux grands événements qui ont ponctué l'histoire du groupe et contribué à faire de Dassault Aviation une référence mondiale des avions d'affaires haut de gamme, les jets Falcon.

Devenu grand capitaine d'industrie et conseiller incontournable de la famille Dassault, Charles Edelstenne reprend à 80 ans le flambeau en vertu des modalités de la succession de Serge Dassault décidées en 2014.

Il y a "un président aujourd'hui dans notre groupe qui a été désigné bien avant que mon père nous quitte, pour qui nous avons voté unanimement, qui est Charles Edelstenne, qui a porté haut les couleurs de Dassault Aviation, créateur aussi, fondateur de Dassault Systèmes", a commenté Olivier Dassault mardi sur Europe 1. "Et pour cela nous comptons bien sur lui pour poursuivre cette mission à nos côtés".

Né à Paris le 9 janvier 1938, ce fils de commerçants originaires d'Europe centrale, qui décroche son diplôme d'expert comptable aux cours du soir, rejoint l'avionneur comme aide comptable avant de gravir les échelons: chef des services financiers en 1960, secrétaire général adjoint en 1971, secrétaire général en 1975, vice-président en 1986 et PDG en 2000.

Il participe au rachat, en 1967, de l'entreprise Bréguet Aviation et assiste à la nationalisation du groupe en 1981 sous le gouvernement socialiste de Pierre Mauroy. En 1998, l’État français transfère sa participation dans Dassault Aviation à Aerospatiale, qui échoit finalement à Airbus avant d'être en partie récupérée par Dassault ces dernières années.

A la mort de Marcel Dassault en 1986, Serge prend sa succession après une élection très disputée et Charles Edelstenne, qui s'est montré loyal, lui devient aussi indispensable qu'il l'était à son père.

- Fibre nationale -

Très sourcilleux de l'indépendance de l'avionneur, il se réjouit lorsque en 2002, le groupement familial passe de 49,9 à 50,01% du capital de Dassault Aviation. "Nous étions à vendre, nous étions une proie. Le spectre a radicalement changé. Nous serons maîtres de notre destin."

Jouant systématiquement de la fibre nationale, Charles Edelstenne a l'oreille du pouvoir même si, selon son expression, "à chaque nouveau gouvernement, il faut expliquer que Dassault n'est pas le diable".

Et avec son caractère entier et son style direct, parfois cassant, il n'hésite pas à recadrer Hervé Morin, alors ministre de la Défense, pour qui le Rafale est "difficile à vendre". "Beaucoup de gens parlent sans savoir", déclare celui qui a toujours assuré que l'avion de combat finirait par se vendre à l'export.

Charles Edelstenne a aussi bouleversé la façon dont les avions du monde entier sont construits en repérant un logiciel de conception assistée par ordinateur, Catia, devenu le socle de Dassault Systèmes, qui a démultiplié la fortune des Dassault et fait la sienne.

Quand il tombe en 1981 sur ce logiciel développé en interne, il perçoit son formidable potentiel. Marcel Dassault accepte d'investir dans le projet à condition que son directeur financier prenne le même risque.

Ce petit homme, aux yeux bleus et au sourire volontiers narquois sous sa moustache grise, amateur de golf, s'est taillé une réputation d'administrateur et de négociateur hors pair, dont les réparties sont redoutées par ses interlocuteurs.

Il réussit en 2009 à racheter la part de l’État dans l'électronicien de défense Thales, au nez et à la barbe du groupe européen EADS qui en offrait davantage. Et fait de Dassault Aviation l'actionnaire industriel d'un groupe quatre fois plus grand que lui, au cœur de l'industrie française de défense.

Atteint par la limite d'âge en 2013, Charles Edelstenne choisit un proche, Éric Trappier, pour lui succéder à la tête de Dassault Aviation. Mais comme il n'est pas homme à prendre sa retraite, il prend la tête de la holding qui coiffe toutes les sociétés de la famille Dassault et à ce titre actionnaire de Dassault Aviation.

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