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Chine: confusion autour d'une levée de fonds de 9,9 mds EUR par China Unicom

Le numéro deux chinois des télécoms, China Unicom, a promptement retiré un communiqué annonçant la vente de parts pour 9,9 milliards d'euros à des investisseurs privés -- dont Alibaba --, et son titre en Bourse restait suspendu jeudi: de quoi entretenir le doute et la confusion sur cette opération cruciale.

Cette colossale levée de fonds, destinée à ouvrir largement le capital du groupe étatique à des investisseurs privés, était très attendue.

Ce serait la plus ambitieuse opération à ce jour dans le cadre des réformes "d'actionnariat mixte", engagées par Pékin pour améliorer la gestion et la rentabilité de ses groupes publics, des mastodontes souvent mal administrés et à court de liquidités.

Dans un communiqué publié tard mercredi, China Unicom assurait avoir reçu un feu vert réglementaire pour la vente de participations à une dizaine d'investisseurs, contre un apport de fonds dépassant 77,9 milliards de yuans.

Parmi les acquéreurs mentionnés figuraient des géants chinois de l'internet et de l'e-commerce -- comme Baidu, Tencent, Alibaba et JD.com --, l'assureur China Life, le distributeur d'électroménager Suning ou encore le fabricant de trains CRRC.

Au total, l'opération devait apporter à ces divers investisseurs le contrôle de 35,19% de l'entité du groupe cotée à Shanghai, selon le communiqué.

Un argent frais destiné, expliquait le texte, à la montée en gamme des actuelles technologies 4G déployées par l'opérateur et au développement des futurs réseaux 5G du groupe.

- Réelle opération? -

Mais une communication brouillonne et des signaux contradictoires ont presque aussitôt semé le trouble et inquiété les observateurs.

China Unicom a ainsi rapidement retiré son communiqué du site de la Bourse de Shanghai juste après l'y avoir posté, semblant infirmer la véracité du texte.

Ce communiqué restait néanmoins visible jeudi sur le site de l'opérateur boursier de Hong Kong, place où le groupe de télécoms est également coté.

Certes, Baidu -- le "Google chinois", connu pour son moteur de recherche -- a confirmé dans un bref communiqué qu'il allait investir 7 milliards de yuans dans China Unicom.

Mais d'autres investisseurs impliqués sont restés silencieux.

Plus troublant: le géant chinois du ferroviaire CRRC, mentionné dans le dossier de presse de China Unicom, a farouchement démenti qu'il participait à l'opération, selon l'agence Bloomberg.

Enfin, le titre de China Unicom restait suspendu jeudi sur les Bourses de Shanghai et de Hong Kong, contrairement à ce qui avait été promis la veille. L'action est suspendue à Shanghai depuis début avril.

"Pour des raisons techniques, le groupe a demandé à ce que la suspension se poursuive" mais publiera de nouvelles informations "dans les trois jours ouvrés", a assuré China Unicom dans une déclaration à la place shanghaïenne.

- 'Incompétence' -

De quoi laisser les acteurs de marché désorientés et amers.

"La confusion a régné jusqu'au dernier moment, ils n'auraient vraiment pas dû se précipiter pour faire leurs annonces. Cela montre leur incompétence", s'est désolé Francis Lun, patron du courtier Geo Securities à Hong Kong, cité par Bloomberg.

Désormais, "on est amené à douter de la procédure même d'approbation (de l'opération) en raison de leur communication mensongère", a-t-il ajouté.

Le fiasco jette surtout une ombre sur la douloureuse réforme structurelle des entreprises publiques chinoises, actuellement sous forte pression pour se désendetter.

L'endettement net de China Unicom a gonflé de 20% sur les cinq dernières années pour dépasser les 19 milliards d'euros, en raison de l'expansion de réseaux télécoms onéreux.

Mais c'est précisément ces équipements dont pourraient tirer profit les géants technologiques privés comme Tencent (messagerie WeChat) ou Alibaba (numéro un de la vente en ligne).

Dans un rapport publié mardi, le Fonds monétaire international (FMI) a appelé Pékin à imposer "des contraintes budgétaires encore plus drastiques" aux groupes étatiques endettés, tout en accélérant l'introduction d'acteurs privés à leur capital.

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