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Christiane Lambert, une éleveuse, à la tête des agriculteurs

Christiane Lambert, qui devrait devenir la première femme à prendre la tête de la FNSEA, le principal syndicat agricole français, est une éleveuse, dépeinte comme un "concentré d'énergie", que certains de ses proches encouragent à travailler sa qualité d'écoute.

Si le profil de cette femme de 55 ans paraît plus consensuel que celui de son prédécesseur Xavier Beulin, auquel on a souvent reproché d'être à la fois céréalier et patron d'un géant de l'agro-industrie, elle est loin d'être lisse et a son franc parler.

Elle a d'ailleurs écumé les plateaux de télévision pour représenter la FNSEA pour défendre les agriculteurs pendant la crise, sans hésiter à se montrer caustique, voire poil à gratter. Une nature qui selon des observateurs du secteur ne facilite pas toujours les relations quand il s'agit de négocier avec le gouvernement.

Au sein même de la FNSEA, on explique que la future présidente devra être vigilante sur "l'écoute" qu'elle devra apporter aux expressions d'opinions différentes des siennes.

En posant sa candidature pour diriger le principal syndicat français, Mme Lambert a déclaré qu'elle allait travailler dans la continuité de M. Beulin: "nous n'allons pas faire un virage à 180 degrés. Nous nous retrouvons dans les orientations qui étaient portées auparavant par le bureau derrière Xavier Beulin", tout en rappelant qu'elle fait parti de ce bureau depuis 2010.

Car Mme Lambert dit "nous" et pas "je".

- Capitaine d'équipe -

"J'ai un profil de capitaine d'équipe de handball", raconte celle qui a fait six ans de compétition de ce sport collectif, pour expliquer qu'elle souhaite travailler "plus en équipe" avec les responsables du syndicat.

"C'est quelqu'un qui sait déléguer, mais quand elle demande à quelqu'un de s'engager à ses côtés, c'est beaucoup d'exigence... ça peut faire peur", estime Daniel Prieur, secrétaire-général adjoint de la FNSEA. Il décrit quelqu'un de très "déterminé".

"Un concentré d'énergie allié à l'intuition féminine, ça peut déménager", dit-il, ajoutant que "son parcours l'atteste".

"Dès l'âge de huit ans, j'ai voulu être agricultrice", raconte Mme Lambert à l'AFP en se souvenant qu'elle "suivait" sa mère partout dans l'exploitation, notamment à la traite des vaches, qui se faisait alors à la main. Après son BTS agricole, elle s'est d'abord installée dans le Cantal, où elle est née.

Elle explique son investissement dans le syndicalisme agricole par le fait d'avoir souffert "de l'image négative de l'agriculture". "Je voulais porter une vision positive du métier", dit celle qui, à l'âge de 20 ans, fut présidente du Comité communal des jeunes agriculteurs de Massiac (Cantal), jusqu'à devenir la première femme dirigeante du Centre national des jeunes agriculteurs en 1994.

Mère de trois enfants et installée comme éleveuse de porcs avec son mari depuis 1989 dans le Maine-et-Loire, elle a gravi tous les échelons départementaux, régionaux puis nationaux de la FNSEA, jusqu'à en devenir première vice-présidente en 2010.

- Rebondir -

Parallèlement, elle s'investit beaucoup dans la formation au travers des deux structures dédiées de la profession: le fonds de formation continue Vivea, et l'Ifocap, Institut de formation des cadres paysans.

Pour elle, c'est une arme anti-crise: "je suis persuadée que la formation peut beaucoup aider les agriculteurs à gagner en assurance, à suivre le mouvement dans une profession qui évolue très vite", dit-elle.

Depuis le début de la crise, Vivea a d'ailleurs mis en place des formations pour soutenir les producteurs en difficulté qui veulent évoluer, voire changer de métier. "Il faut aider les gens à rebondir", explique sa présidente, qui "ne supporte pas d'entendre la litanie des suicides" d'agriculteurs.

Christiane Lambert a également oeuvré afin de faire entendre les attentes sociétales pour une agriculture plus respectueuse de l'environnement au sein d'un syndicat souvent fustigé pour son soutien au productivisme et à l'usage massif de pesticides.

Quand l'agricultrice a ouvert son élevage, elle dit avoir "très mal vécu le fait d'être critiquée parce qu'on était producteurs de porcs, sans même vérifier si on avait bien ou mal travaillé".

L'exploitation est "irréprochable" sur le plan environnemental ou du bien-être animal, assure l'éleveuse qui dit s'être "éclatée" à la présidence du réseau FARRE (Forum de l'agriculture raisonnée et respectueuse de l'environnement), de 1999 à 2005.

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