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Crise de Ryanair: y a-t-il un pilote dans l'avion?

Y a-t-il un pilote dans l'avion? Tout à coup, au bout d'un décollage fulgurant et ininterrompu de deux décennies qui a fait d'elle la première compagnie aérienne d'Europe en termes de passagers transportés, Ryanair s'est rendue compte que... non. De plus en plus d'avions mais de moins en moins de pilotes. Qu'importe, il fallait voler, toujours plus, vers toujours plus de destination. Et puis soudain, un siège vide dans la cabine de pilotage, puis deux, puis trois. Que dire aux passagers en colère?

La compagnie a sauté sur toutes les excuses qu'elle pouvait trouver: quelques orages en Italie, une grève de contrôleurs aériens en France. Malheureusement, les orages sont passés et les contrôleurs ont vite repris le boulot. Le crash est devenu inévitable. La reine du low-cost s'est montrée au balcon et a annoncé la suppression de 2000 vols d'ici fin octobre. Tous les passagers ont hurlé, agitant leur billet à quelques dizaines d'euros: "Je suis concerné?". Réponse: 320.000 d'entre eux resteront au sol, soit plus de 8500 passagers chaque jour, a admis la reine, s'empressant d'ajouter et de répéter: "Oui, mais c'est seulement 2%". Deux pourcents qui auront leur vol remboursé. Et l'hôtel et la bagnole de location, ou les frais supplémentaires pour réserver de nouveaux billets sur une autre compagnie? Pas prévu. Low cost, low service, c'est comme ça.

Il y aura bien une indemnité pour ceux dont le vol annulé était prévu dans moins de deux semaines. Pour ceux là, la loi européenne impose à Ryanair le versement de quelques centaines d'euros. "Nous tablons sur une somme maximale de 20 millions d'euros pour les indemnisations", a indiqué le boss, Miachael O'Leary. Ce dernier en a profité pour sortir une nouvelle excuse à ce crash de rentrée: "Nous nous sommes plantés dans l'attribution de congés annuels aux pilotes en septembre et octobre car nous essayons d'allouer les congés d'une année entière dans une période de neuf mois, d'avril à décembre", a-t-il expliqué, un peu moins guilleret que d'habitude.

Mais selon la plupart des spécialistes, bien que la compagnie démente, le problème de Ryanair réside dans son effectif de pilotes. Le monde connait une pénurie. Dès lors, les pilotes peuvent se permettre d'opter pour des compagnies qui offrent de meilleures conditions comme des compagnies localisées dans le Golfe ou encore la low-cost européenne Norwegian qui effectue aussi des longs-courriers.

Le fabricant d'avions américain Boeing estimait récemment qu'il faudrait de l'ordre de 250.000 nouveaux pilotes d'ici 20 ans et plus du double pour les dix années suivantes, rapportait ce matin nos confrères du journal L'Echo.

Ryanair a perdu des pilotes et pour ceux qui restent, un changement de la loi irlandaise (où est basé le siège social de l'entreprise) les contraint à prendre tous leurs congés avant la fin de l'année. La conjonction de cette loi sur les congés et la pénurie a mené au désastre actuel.

Le défi de Michael n'est plus d'augmenter les destinations ou de commander de nouveaux avions, mais bien de trouver des pilotes et surtout de les garder. Pour y répondre, devra-t-il accepter de gratter un peu du côté de son argument massue, le prix? Ryanair a inventé un modèle mais pourra-t-elle continuer à le maintenir en vol?

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