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Cyclisme: ambiance pesante sur le Tour après l'attentat de Nice

"Ce matin, franchement, j'avais envie d'arrêter le Tour de France." Visages fermés et tons graves, le peloton affichait sa tristesse, à l'image d'Anthony Delaplace, vendredi, lors de la 13e étape, dans l'ombre de l'attentat de Nice.

Un vent fort soufflait vendredi midi sur Bourg-Saint-Andéol, cité de départ du contre-la-monte ardéchois. Près du quai longeant le Rhône sur lequel les bus des 22 équipes s'étaient installés, un homme a le regard dans le vide et la mâchoire serrée. Yvon Sanquer est sous le choc. "Il n'y a pas de mot pour qualifier ce qui arrive. Les coureurs sont avant tout des hommes, des citoyens. Ils sont forcément choqués."

Malgré le soleil, l'atmosphère est pesante. "L'ambiance du Tour, c'est celle d'une fête populaire, réjouissante. Là, on est dans l'extrême inverse", ajoute le manager de l'équipe Cofidis, qui met rapidement un terme à la conversation.

A l'échauffement, Brice Feillu paraît plus serein. "On n'est pas trop à la rigolade aujourd'hui. J'ai vu ça hier, par conséquent, je n'ai pas passé une très bonne nuit. Mais le Tour est une fête, il ne faut pas qu'il s'arrête à cause de ça", estime le coureur de Fortuneo.

Mikaël Chérel (AG2R La Mondiale) habite à 15 kilomètres de Nice: "Fort heureusement, mon épouse et mes enfants sont restés à la maison hier". Son équipe, qui compte sur Romain Bardet pour briller au général, a regardé la télévision au petit déjeuner.

"Tout le monde a été très affecté", raconte le directeur sportif Stéphane Goubert. "On se sentait tous niçois ce matin. On en a tous parlé pour essayer de le vivre le mieux possible".

Après concertation avec les autorités, l'organisation a décidé de maintenir l'étape. "Dans ces moments-là, on a l'impression que le sport est secondaire. Mais au contraire, il permet de se prouver qu'on vit, qu'on existe et c'est la meilleure des réponses", estime Goubert.

- 'On a peur' -

Pas évident, dans ces conditions, de rester concentré sur la course, d'autant que l'étape du jour, un contre-la-montre, se joue individuellement.

"Le plus dur sera pour demain", estime Goubert à propos de la 14e étape, longue de 208,5 kilomètres. "Ils vont se retrouver tous ensemble, ils vont en parler. Et du coup, on gamberge un peu plus, on se pose plus de questions, on se dit que ça peut arriver n'importe où, n'importe quand. On a peur, comme tout le monde."

Anthony Delaplace, autre coureur de Fortuneo, ne cache pas son inquiétude: "Ca me fait réfléchir et ça me fait peur, je me dis que ça peut nous arriver demain. Ce matin, franchement, j'avais envie d'arrêter le Tour de France. J'ai peur pour l'arrivée des Champs (à Paris), même si ce sera hyper sécurisé. J'adore mon métier, j'adore mon vélo, mais je n'ai pas envie non plus d'y laisser ma vie."

Le Portugais Rui Costa partage ses craintes. "Je ne me sens pas en sécurité ici en France", a-t-il déclaré au réveil, sous le choc. La veille, comme tous les coureurs, il a eu du mal à se frayer un chemin parmi la foule dans l'ascension du Mont Ventoux. "J'ai peur des agressions", a-t-il précisé à l'AFP en préparant son vélo.

La majorité du peloton veut tout de même poursuivre l'aventure. "Nous ne pouvons pas laisser des terroristes décider de notre façon de vivre", a estimé le Néerlandais Tom Dumoulin, vainqueur du chrono. "Je ne sais rien faire d'autre, je ne peux rien faire d'autre que de courir."pyv/pel

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