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Débarrasser le monde des armes chimiques: quatre choses à savoir sur l'OIAC

L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), réunie lundi à La Haye après les frappes occidentales ciblées de samedi contre la Syrie à la suite de l'attaque chimique présumée de Douma, rassemble 192 pays.

- Qu'est-ce que l'OIAC ?

Fondée en 1997, l'OIAC qui a son siège à La Haye supervise l'application de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques.

Le premier usage d'armes chimiques date de la Première Guerre mondiale. Elles ont ensuite été utilisées en 1988 par le dictateur irakien Saddam Hussein contre des civils à Halabja en Irak ou au Japon dans un attentat au gaz sarin en 1995 dans le métro de Tokyo.

Après presque 20 ans de négociations, la Convention est entrée en vigueur le 29 avril 1997. L'OIAC, prix Nobel de la paix en 2013, couvre avec ses 192 Etats membres 98% de la population mondiale. Seuls trois pays n'y ont pas encore adhéré : l'Egypte, Israël et la Corée du Nord.

Au cours des deux dernières décennies, l'OIAC a supervisé la destruction de quelque 96% des stocks d'armes chimiques déclarés dans le monde, soit 72.304 tonnes.

Les États-Unis ont l'intention de détruire leurs armes chimiques ces prochaines années.

En septembre, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que son pays avait détruit ses dernières armes chimiques dans le cadre d'un processus entamé en 2005.

- Comment fonctionne l'OIAC ?

Un pays qui a signé la Convention doit déclarer et détruire toutes les armes chimiques qu'il possède ou qu'il a abandonnées dans un autre pays. Il doit également se débarrasser de toutes ses installations impliquées dans la fabrication de telles armes.

L'OIAC oeuvre également à vérifier les allégations crédibles d'utilisation d'armes chimiques en envoyant sur place des experts, dont bon nombre sont issus des milieux militaires ou scientifiques.

Des échantillons sont prélevés et envoyés au laboratoire de l'OIAC dans la banlieue de La Haye, à Rijswijk, ou dans d'autres laboratoires sélectionnés, pour une analyse plus approfondie.

Depuis 1997, l'OIAC a effectué quelque 6.785 inspections sur 3.170 sites liés aux armes chimiques et sur 3.615 sites industriels.

En avril 2018, cette organisation internationale a été accusée par Moscou d'avoir trafiqué les résultats de son enquête sur l'empoisonnement au Royaume-Uni de l'ex-espion russe Sergueï Skripal pour accuser la Russie.

- Que fait l'OIAC en Syrie ?

La Syrie a adhéré sous pression internationale en septembre 2013 à l'OIAC après avoir admis détenir des armes chimiques.

Moscou et Washington avaient auparavant scellé un accord prévoyant le désarmement chimique de ce pays, pour éloigner la menace de frappes américaines après une attaque chimique, attribuée par les Occidentaux au régime, qui avait fait un millier de morts selon les estimations près de Damas le 21 août 2013.

Selon l'OIAC, 100% des armes chimiques déclarées par Damas, soit 1.300 tonnes au total, avaient été remises et détruites avant janvier 2016. Néanmoins, le secrétaire général de l'OIAC, Ahmet Uzumcu, évoque régulièrement des failles dans les déclarations syriennes.

En 2014, l'OIAC a établi en Syrie une mission d'enquête -pour la première fois dans un pays en proie à une guerre civile- qui a travaillé depuis sur plus de 70 attaques présumées. Ses inspecteurs ont été la cible d'une bombe en mai 2014.

En août 2015, le Conseil de sécurité de l'ONU a créé une mission d'enquête commune ONU-OIAC, le Joint Investigative Mechanism (JIM), dont le mandat s'est achevé fin 2017.

Cette mission a incriminé l'armée syrienne dans au moins trois attaques chimiques, dont deux au chlore, en 2014 et 2015, ainsi que le groupe jihadiste Etat islamique dans une attaque au gaz moutarde en 2015.

En octobre 2016, l'ONU et l'OIAC ont estimé que Damas était responsable d'une attaque au gaz sarin commise en avril 2017 contre la ville de Khan Chekikhoun, après laquelle les Etats-Unis avaient frappé en représailles une base aérienne syrienne.

- Existe-t-il des sanctions ?

L'OIAC est davantage un "chien de garde" qu'une force de police et dépend de l'honnêteté des Etats membres dans leurs déclarations.

Certains produits chimiques, comme le chlore, utilisé contre des civils sous forme gazeuse pendant la guerre civile en Syrie, sont exemptés de toute déclaration de ce type puisqu'ils sont utilisés dans l'industrie ou l'agriculture.

La Convention ne contient aucune mesure punitive spécifique. À ce jour, malgré la condamnation de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, aucun État membre n'a été publiquement accusé d'avoir violé la Convention.

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