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Face aux turbulences boursières, le marché des introductions en Bourse fait le dos rond

Les introductions en Bourse tournent au ralenti face à la déroute des places financières, mais l'optimisme reste de mise pour 2016, de nombreuses sociétés espérant un retour au calme pour se lancer sur le marché.

Ce trou d'air concerne l'ensemble des grandes places financières, de Londres à New York, en passant par la zone euro, dont Paris.

"La volatilité est l'ennemi numéro un des introductions en Bourse", relève auprès de l'AFP, Cyril Court, responsable des marchés de capitaux pour l'Europe chez HSBC.

Les entreprises qui souhaitent s'introduire en Bourse hésitent à faire le grand saut compte tenu de la tempête boursière qui secoue les marchés depuis plusieurs semaines, entre chute du pétrole et craintes sur l'économie mondiale.

Les investisseurs refusent de prendre des risques et sont peu susceptibles de financer une introduction en Bourse sauf à prix cassé, ce qui serait pénalisant pour l'entreprise candidate.

"Du fait des conditions de marché, il est très difficile pour une introduction en Bourse de bien se dérouler même si les bons dossiers passeront toujours", explique Arnaud Morvillez, gérant du fonds Origin chez Skylar.

Ces phases de volatilité ne sont pas nouvelles pour les marchés qui en ont expérimenté plusieurs ces deux dernières années, dont celle de l'été dernier.

Le mois de janvier est en outre traditionnellement calme, les entreprises attendant souvent la fin de la saison de leurs publications annuelles de résultats, c'est-à-dire à partir de mars, pour lancer leur opération.

Quelques sociétés parviennent toutefois à passer entre les gouttes en Europe, et février devrait voir plusieurs nouvelles cotations.

"Les volumes sont en baisse en ce début d'année mais c'est une bonne surprise de voir quelques introductions en Bourse sortir", souligne à l'AFP, Thierry Olive, responsable des marchés de capitaux chez BNP Paribas.

Malgré l'incertitude actuelle, les spécialistes du marché estiment que 2016 devrait être une bonne année.

"Nous sommes raisonnablement optimistes avec toute la précaution nécessaire liée la volatilité et aux perspectives économiques mondiales", relève Marc Lefèvre, responsable des cotations chez l'opérateur boursier Euronext, qui chapeaute notamment la Bourse de Paris.

Il sera toutefois difficile de faire mieux que l'an passé, notamment sur la place parisienne qui avait profité de plusieurs opérations emblématiques, ce qui fait dire à Philippe Kubisa, associé chez PwC, que "2016 sera au mieux au même niveau que 2015".

Paris peut toutefois espérer tourner la page d'une fin d'année moins favorable, avec le report de plusieurs opérations dont Deezer.

Le spécialiste de la sécurité numérique Oberthur Technologies, qui avait repoussé son opération, pourrait être candidat, tout comme l'enseigne d'ameublement Maisons du Monde, les marques SMCP (Sandro, Maje et Claudie Pierlot) ou encore les cliniques privées Medipole.

- Phase de rattrapage -

Le marché s'est rouvert depuis fin 2013 à Paris, soit tardivement, ce qui fait que "la liste d'attente est importante", estime M. Morvillez.

L'Europe est dans une phase de rattrapage depuis deux ans, puisque la crise financière de 2008, puis la crise de la dette en zone euro de 2011, ont plombé les introductions en Bourse.

Plusieurs fonds d'investissement qui ont acquis des sociétés à partir de 2008, et qui les ont restructurées vont souhaiter prendre leur plus-value en les introduisant en Bourse.

Ces fonds pourraient toutefois hésiter, parfois jusqu'au dernier moment, entre une cession ou une introduction en Bourse, ce processus étant appelé par les spécialistes le "dual track".

Selon M. Kubisa, "la volalité entraîne cette incertitude sur la sortie" et par conséquent "+le dual track+ va dominer cette année".

Autre phénomène, qui se renforce selon M. Court, "certains grands groupes entendent rééquilibrer leur activité, ce qui peut se traduire par des introductions en Bourse de filiales".

Côté investisseurs, la demande ne devrait pas se démentir en zone euro, en cas de retour au calme des marchés, du fait de la reprise économique en cours et des politiques monétaires généreuses menées par les banques centrales ces dernières années.

Comme le souligne M. Morvillez, "les Etats-Unis, qui était le moteur des introductions en Bourse sont en train de passer la main, au profit de l'Europe qui est devenue en 2015 la deuxième place mondiale derrière l'Asie".

Selon lui, "c'est une excellente nouvelle puisque cela montre l'appétit des investisseurs internationaux pour la zone européenne".

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