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Faute de main d'oeuvre, la métallurgie bourguignonne crée ses écoles

Ecole de soudure, formation à la maintenance ferroviaire ou apprentissage en mécanique: alors que l'industrie peine à attirer des candidats, des entreprises métallurgiques bourguignonnes développent leurs propres formations pour couvrir leurs besoins insatisfaits en main-d'oeuvre.

Dans le bassin économique du Creusot-Montceau, le réseau français dédié à la maintenance des engins de travaux ferroviaires, nommé Mecateamcluster, met en chantier un campus de formation pour répondre aux besoins de compétences très spécifiques de la filière.

"Face aux problèmes de recrutement de nos adhérents, qui se piquaient leurs salariés entre eux, nous avions déjà noué un partenariat étroit avec des établissements locaux et élaboré quatre formations initiales en alternance", explique Virginie Bonnin, chargée d'affaires Emploi-Formation au sein du cluster.

"On est partis de diplômes existants – de bac pro à licence pro – auxquels on a ajouté une +coloration ferroviaire+, les périodes de stages se déroulant dans les entreprises du réseau", précise-t-elle.

Le campus, qui doit sortir de terre sur une ancienne friche industrielle de 12 hectares mise à disposition par la Communauté urbaine Creusot-Montceau, accueillera des étudiants pour des travaux pratiques et des salariés du réseau pour des formations continues.

Budget total: 10 millions d'euros, dont 2,19 millions apportés par l'Etat au titre du Programme des investissements d'avenir.

- EDF aide ses sous-traitants -

A quelques dizaines de kilomètres de là, à Chalon-sur-Saône, l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) et EDF se sont associés pour ouvrir à la rentrée 2017 une école de production. Des jeunes de 16 à 18 ans en situation de décrochage scolaire s'y formeront à la mécanique et à l'usinage (CAP et Bac pro).

"En Saône-et-Loire, les entreprises de métallurgie, en particulier nos sous-traitants de la filière nucléaire, peinent à nous fournir par manque de personnel qualifié", explique Marc Rey, délégué régional EDF qui porte ce projet depuis plus de trois ans.

Dans ce type d'établissement, au nombre d'une vingtaine en France, "les élèves apprennent en réalisant des pièces vendues au prix du marché à de vrais clients. En termes de pédagogie, c'est très puissant", s'enthousiasme M. Rey.

Le budget sur quatre ans est estimé à 2 millions d'euros, financés par des partenaires institutionnels et privés, dont le fonds Agir pour l'emploi d'EDF, mais aussi la taxe d'apprentissage et la vente de la production.

Une quinzaine d'industriels, comme Saint-Gobain, Areva et des PME du département, soutiennent le projet. Une première promotion de 10 élèves fera sa rentrée en 2017 et l'effectif complet (40) sera atteint en 2020.

- Recrutements difficiles -

Un autre projet verra le jour à Chalon-sur-Saône en septembre: l'école de soudure du groupe industriel Galilé.

Ce futur centre de formation itinérant se déplacera à travers les 18 sociétés du groupe pour former sa soixantaine de soudeurs aux nombreuses qualifications requises, notamment dans les filières automobile et aéronautique.

L'entreprise compte ainsi économiser 40.000 euros par an sur son budget formation. Jean-Claude Boyer, responsable du pôle Industrie chez Galilé, y voit aussi un bon moyen de développer les compétences des salariés, dans un secteur où les recrutements sont difficiles.

"On commence par l'école de soudure, mais on envisage également d'ouvrir une école de tôlerie-chaudronnerie et une autre d'usinage numérique car ces métiers sont aussi en tension. Et si on ne réagit pas, il faudra sous-traiter dans des pays low-cost avec des problèmes de délai et de qualité", prévient-il.

Alors que les industriels ont décidé de prendre en main leurs problèmes de manque de personnel qualifié, il restera à convaincre les jeunes que ces filières ont un avenir dans une région où leurs parents ont connu des fermetures d'usines traumatisantes.

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