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Grèce: bien ou mal préparée, la liste de réformes toujours en suspens

Le plan de réformes grec, qui devait être adopté cette semaine pour que le pays obtienne un peu d'oxygène financier de ses créanciers, a pris de nouveau du retard, mais le Premier ministre Alexis Tsipras a assuré lundi soir chercher "un compromis honnête" avec les créanciers du pays.

Le plan grec a été débattu tout le week-end à Bruxelles par le "groupe de Bruxelles", composé du FMI, de la BCE, de l'Union européenne, du Mécanisme européen de stabilité, et de la Grèce elle-même.

Mais lundi, contrairement aux espérances, les discussions techniques semblaient loin d'être achevées, et la perspective d'une adoption dans les prochains jours au niveau d'un Eurogroupe s'est envolée, le calendrier n'étant de surcroît pas très favorable: le long week-end de Pâques tombe cette semaine pour la plupart des pays européens, et la semaine prochaine pour les pays orthodoxes, comme la Grèce.

Le porte-parole du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a constaté lundi à Berlin qu'il n'y avait pas de rendez-vous pour un nouvel Eurogroupe et que "la balle [était] dans le camp de la Grèce", qui "n'a pas fourni la liste". Berlin s'est dit cependant très désireux de "faire aboutir avec succès ce programme, ensemble avec la Grèce".

Plus généralement, il semble qu'à Bruxelles certains négociateurs aient ressenti une absence de bonne volonté de la part des Grecs.

Ces derniers ont laissé fuiter lundi une liste finalement plutôt précise de ce qui avait été mis sur la table ce week-end : nouvelles prévisions macroéconomiques pour 2015, projets de réformes structurelles, réformes fiscales, projets de privatisations, le tout dûment chiffré et censé rapporter 3,7 milliards d'euros net par an, tout en préservant les "lignes rouges" du gouvernement sur les aspects sociaux des réformes.

- Pas de reddition sans condition -

Athènes, parmi les privatisations, semble désormais accepter celle de 67% du port du Pirée, convoités par les Chinois.

Une source gouvernementale a indiqué à l'AFP avoir "toujours l'espoir" d'un accord autour de cette liste d'ici mercredi, au moins sur le plan technique.

Elle a estimé pour sa part que la partie grecque était "bien préparée", et avait fourni "des documents solides, comprenant tous les détails" nécessaires.

"Si on continue à vouloir nous asphyxier, il finira par y avoir des conséquences", s'exaspérait-elle, tout en remarquant néanmoins "qu'après avoir payé l'euro de son sang, la Grèce serait la dernière à en partir".

Les données macroéconomiques du nouveau gouvernement sont moins optimistes que celles du précédent pour 2015: 1,4% de croissance au lieu de 2,9 espérés, et un chômage en moindre baisse que prévu.

Le face-à-face entre Athènes et les créanciers ne peut pas s'éterniser: le gouvernement doit rembourser 820 millions d'euros en créances diverses (principal et intérêts) en avril, dont 460 M EUR au FMI et renouveler 2,4 milliards d'euros de bons du Trésor, tout en faisant tourner l'Etat.

A défaut d'un accord qui lui permettrait d'obtenir immédiatement les 7,2 milliards d'euros constituant la dernière tranche de prêts européens attendus, il souhaiterait que la Banque de Grèce élève le plafond de 15 milliards d'euros de bons du Trésor en circulation, et récupérer respectivement auprès du Fonds européen de stabilité financière (FESF) et de la BCE deux sommes de 1,2 et 1,9 milliard d'euros qu'il estime dues.

Alexis Tsipras a fait la synthèse des projets de son gouvernement lundi soir devant les députés :

"Nous cherchons un compromis honnête avec nos partenaires. Mais ne vous attendez pas à ce que nous signions une reddition sans condition. C'est pourquoi nous sommes attaqués sans pitié mais c'est la raison pour laquelle la société (grecque) nous soutient", a-t-il estimé.

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