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Grèce: les banques dégringolent avec les premières annonces de Tsipras

Les banques grecques ont cédé plus d'un quart de leur valeur mercredi après les premières prises du position du gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras, l'indice général de la Bourse d'Athènes cédant 9,24% au total.

Après avoir ouvert en baisse dès le matin de 2%, l'indice général Athex a commencé sa dégringolade vers 14h00 GMT pour terminer à 711,13 points, au plus bas depuis septembre 2012.

Les plus fortes pertes ont été enregistrées par les quatre banques systémiques grecques, banque du Pirée (-29,2%), Alpha banque (-26,7%), Eurobank (-25,9%) et la Banque nationale de Grèce (-25,45%).

Ces quatre banques grecques, qui avaient été deux fois recapitalisées depuis l'éclosion de la crise de la dette en 2010, ont eu recours le 21 janvier, soit quatre jours avant la victoire du Syriza aux élections législatives, au programme de liquidités d'urgence (ELA) prévu par la BCE.

Le montant accordé n'a pas été alors précisé, la situation devrait être réexaminée début février lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs, selon une source bancaire grecque.

Au plus fort de la crise grecque de la dette, en 2011 et à plusieurs reprises par la suite, les banques grecques avaient réclamé des liquidités dans le cadre de ce mécanisme décidé au cas par cas.

Du fait du nouveau gouvernement grec, les investisseurs "se préoccupent de l'état des banques mais celles-là vont mal depuis le début de la crise de la dette car la restructuration du secteur na pas vraiment été réalisée, contrairement à ce qui a été fait en Espagne", a estimé mercredi Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque.

Selon cet analyste, "le risque n'est pas vraiment lié aux dettes de l'Etat grec qu'elles détiennent dans leurs portefeuilles, puisque leur exposition n'est pas très importante, mais du fait qu'elles font face à des créances douteuses élevées".

La Bourse d'Athènes a perdu 31% depuis le 8 décembre, lors de l'annonce de la séquence électorale qui a conduit dimanche à la victoire de Syriza aux législatives.

Le taux du rendement des obligations grecques à 10 ans s'est envolé mercredi, et a atteint 10,6%.

Au cours de la première réunion du conseil des ministres mercredi, le nouveau Premier ministre Alexis Tsipras a annoncé les principales priorités de son gouvernement, dont la renégociation avec les créanciers, UE et FMI, de la dette et du plan d'austérité imposé au pays en échange des prêts internationaux.

Il a également promis l'adoption des mesures sociales pour répondre à "la crise humanitaire" subie par les citoyens après six ans d'austérité, qui a entraîné à une profonde récession et l'explosion du chômage.

Le nouveau ministre des Finances, Yanis Varoufakis, a de son côté plaidé pour "un +New Deal+ paneuropéen" pour aider à la reprise en Europe et mettre fin à la politique de rigueur.

"Les premières déclarations du nouveau gouvernement sont sous la loupe des marchés tandis que les annonces (de certains ministres) sur (l'arrêt) du processus des privatisations (...° ont provoqué de fortes tensions", écrit le site financier grec Naftémporiki.

L'arrêt des privatisations du port du Pirée, ou de la compagnie d'électricité DEI, ont en effet été annoncés mercredi.

Surtout, tant M. Tsipras que son ministre des Finances Yanis Varoufakis, n'ont fait aucune allusion mercredi à l'échéance de fin février fixée par l'UE pour le versement d'une dernière tranche cruciale d'aide, en échange de réformes consenties par le précédent gouvernement. La semaine dernière, M. Tsipras avait multiplié les déclarations laissant entendre que ce genre d'ultimatum des créanciers du pays appartenait désormais au passé.

L'intervention mardi soir dans le quotidien Handelsblatt de Joachim Nagel, membre de la Banque centrale allemande, avertissant de "conséquences fatales pour le système financier grec", si le gouvernement ne respectait pas les engagements du précédent, ont eu raison du moral des investisseurs, outre des indices montrant un biais peut-être pro-russe de M. Tsipras.

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