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Grippe aviaire: des éleveurs en difficultés dans l'attente d'aides

"Combien de temps on va tenir?" Au cœur d'une deuxième crise de grippe aviaire en quelques mois, des éleveurs du Gers scrutent leurs comptes avec inquiétude: leurs trésoreries sont mises à rude épreuve et leur activité est toujours au point mort.

Le plan d'abattage préventif, décidé par le gouvernement début janvier, touche à sa fin et les professionnels de la filière seront reçus jeudi après-midi au ministère de l'Agriculture pour discuter des indemnisations. Le comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog) estime les pertes à 120 millions d'euros.

Après une première épizootie en 2016, qui avait déjà entraîné un arrêt de l'activité de plusieurs mois, ces aides sont attendues avec impatience par les éleveurs, notamment dans le Gers, deuxième département producteur de foie gras.

"Combien de temps on va tenir? Deux mois, trois mois, je ne sais pas, mais après on va devoir trouver des solutions, sinon dans 4 mois, on n'existe plus", se désole Pierre Perès, éleveur-gaveur à Saint-Michel qui a dû se séparer de tous ses canards.

"La trésorerie, on en a aujourd'hui. Mais on a quand même des salaires, des factures qui arrivent, des échéances de crédit à payer chaque mois: quand vous n'avez plus de rentrée d'argent, ça s'essouffle", ajoute-t-il.

Après la première crise aviaire en 2016, il avait dû, comme tous les éleveurs, faire des travaux de bio-sécurité: "la moitié" a été réalisée, pour un total de 170.000 euros.

"On n'a pas l'argent d'avance", estime aussi Sylvie Robin, qui élève pour la coopérative Vivadour depuis 18 mois quelque 54.000 canards par an à Viella.

"Ca fait 15 jours qu'on est vides et on ne sait pas quand on va pouvoir re-rentrer des animaux. On espère recommencer début avril, mais quand on voit que le virus continue à progresser... on est très alarmés", dit-elle.

"Il va falloir qu'on nous donne de vraies réponses. Il y a un couple qui a une exploitation avicole et qui travaille en intérim pour payer les factures", renchérit Lionel Candelon, porte-parole des "Canards en colère", un collectif d'éleveurs.

- 'Hautement pathogène' -

L'abattage préventif de palmipèdes, décidé par le gouvernement, a débuté le 5 janvier et a concerné 232 communes de quatre départements du Sud-Ouest touchés par l'influenza aviaire H5N8, non transmissible à l'être humain, mais "hautement pathogène" pour les volailles.

Lors de la précédente crise, les aviculteurs avaient pu terminer l'élevage de leurs volailles et les commercialiser avant de procéder à un vide sanitaire de deux semaines.

Le gouvernement avait débloqué une aide de 130 millions d'euros pour les 18 départements concernés et un dernier volet de 30%, qui découle d'une aide européenne, doit être versé "au début du printemps", selon le gouvernement.

"Avant de parler des indemnisations 2017, il faut absolument qu'on solde 2016", affirme Bernard Malabirade, éleveur et représentant de la FDSEA, qui estime que "cela représente 4 millions d'euros pour le Gers".

"Autant, l'année dernière, on savait quand on allait repartir, mais cette année, personne ne sait", souligne Benjamin Constant, éleveur pour les Délices d'Auzan, propriété du groupe Intermarché et représentant des Jeunes Agriculteurs (JA)."C'est ça qui crée une certaine tension, ils sont dans l'expectative", ajoute-t-il.

"L'urgence, c'est la trésorerie, et redonner de l'espérance aux agriculteurs. C'est comme un licenciement: vous n'avez plus votre outil de travail, qu'est-ce que vous faites?" demande Sylvie Colas, représentante de la Confédération paysanne.

"Tous les éleveurs doivent être indemnisés: ceux qui ont dû abattre, ceux qui sont en vide sanitaire, ceux qui sont en volailles de chair (animaux élevés pour la viande) dans les zones fermées", ajoute-t-elle.

Car au-delà des palmipèdes, poulets et pintades sont soumis à des restrictions. Et le reste de la filière - couvoirs, attrapeurs, vaccinateurs, abattoirs, commerçants - est aussi frappée par la baisse d'activité.

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