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Areva prévoit 1 milliard d'économies, Hollande annonce un "rapprochement" avec EDF

Temporisant sur le volet social de son redressement, Areva a dévoilé mercredi la première phase de sa thérapie de choc avec un plan d'un milliard d'euros d'économies, d'importantes cessions et un recentrage de ses activités, tandis que François Hollande a annoncé "un rapprochement" avec EDF.

"J'ai demandé aux dirigeants des deux entreprises de présenter un rapprochement qui pourrait être confirmé dans quelques mois", a déclaré le président de la République lors d'une conférence de presse à Madrid, alors qu'Areva a confirmé mercredi matin ses difficultés financières, avec une perte de près de 5 milliards d'euros.

Le directeur général d'Areva, Philippe Knoche, a affirmé que le groupe n'écartait pas des suppressions d'emplois, tout en disant privilégier les départs volontaires.

"Nous ferons tout pour que, s'il doit y avoir des départs, ils se fassent sur la base du volontariat", a précisé le dirigeant lors d'une conférence de presse du groupe, détenu à plus de 87% par des capitaux publics.

"Le dialogue social doit être engagé au plus vite, comme le dialogue avec les élus des sites concernés", pour qu'"aucun licenciement ne puisse être prononcé", a déclaré M. Hollande sur ce sujet.

Pascal Evariste, coordinateur CGT d'Areva, a vu pour sa part dans la communication "catastrophiste" du groupe une volonté d'"amener les éléments sociaux entre avril et septembre".

"Ce n'est pas aux salariés de payer les pots cassés, les erreurs stratégiques des anciennes gouvernances, le défaut de surveillance de l’État qui n'a pas joué son rôle", s'est aussi ému Cyrille Vincent, coordinateur CFE-CGC du groupe.

Areva n'a pour le moment donné aucun chiffre, mais seulement dévoilé le calendrier des discussions avec les représentants des salariés. Le groupe prévoit d'engager à partir de fin mars une phase de concertation avec les syndicats sur "un projet d'accord-cadre" relatif à "l'emploi, aux rémunérations et au temps de travail".

Areva comptait 45.340 collaborateurs, fin 2013, dont les deux tiers en France.

Le milliard d'économies visé à horizon 2017 se fera notamment via "de nouveaux leviers d'achats" et "une forte amélioration de la productivité", selon le groupe.

Areva a aussi annoncé une nette réduction de ses investissements et un programme de cessions d'actifs supérieur aux 450 millions d'euros prévus en octobre dernier.

- Rapprochement demandé avec EDF -

Concernant la "refonte" du partenariat avec EDF, M. Hollande a annoncé avoir demandé aux dirigeants d'Areva et d'EDF de travailler à un "rapprochement" des deux groupes.

L'objectif est que "les acteurs de l'équipe de France du nucléaire puissent collaborer davantage que ça n'était le cas dans le passé", a ajouté le président.

Le gouvernement plaide depuis plusieurs mois pour la création d'une véritable filière française du nucléaire autour d'Areva, EDF et du CEA (Commissariat à l'énergie atomique).

"Je souhaite redire l'implication totale du gouvernement pour que la filière nucléaire française soit remise en ordre de marche", a déclaré de son côté le Premier ministre Manuel Valls.

Mais une recapitalisation publique est "prématurée", aux yeux d'Emmanuel Macron alors que le groupe dit étudier "des moyens de renforcement de ses fonds propres".

Pour Jean-Pierre Bachman, coordinateur CFDT, l'Etat doit au contraire "prendre ses responsabilités". "Il y a un besoin clair de recapitalisation. Le groupe n'est pas encore sauvé", a-t-il estimé.

Areva doit ses résultats catastrophiques aux difficultés (retards et surcoûts) engendrées sur les projets d'EPR Olkiluoto 3 en Finlande, et de Flamanville en France, au fiasco financier de l'acquisition d'Uramin, à la morosité du secteur nucléaire depuis l'accident de Fukushima en 2011 et à des pertes dans les énergies renouvelables.

En 2014, les provisions passées pour le seul projet d'EPR finlandais ont atteint 720 millions d'euros.

Areva compte sur les vents porteurs en Chine et plus généralement en Asie dans le nucléaire.

Le groupe a conclu un accord stratégique il y a un an avec le chinois CNNC sur l'ensemble des activités nucléaires et participe au chantier des EPR Taishan 1 et 2, qui avancent mieux que les deux autres en Finlande et en France.

L'action Areva a clôturé mercredi en baisse de 1,25% à 9,30 euros, dans un marché en nette hausse.

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