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Hôpitaux de Paris: la dette va gonfler pour financer les grands projets immobiliers

La dette de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) va augmenter de 30% en cinq ans afin de financer les investissements prévus, notamment les projets immobiliers, selon les documents budgétaires qui seront soumis pour avis aux syndicats lundi.

Le montant total de la dette doit passer de 2,3 milliards d'euros cette année à près de 3 milliards en 2022, selon le plan global de financement pluriannuel (PGFP) qui sera examiné en comité technique d'établissement et dont l'AFP a obtenu copie.

Ce recours à l'emprunt, que l'AP-HP considère "maîtrisé", doit compenser la chute des ressources financières après l'explosion du déficit en 2017, en partie à cause d'une baisse des dotations de l'Etat.

Le plus grand centre hospitalier français espère ainsi pouvoir mener à bien son programme d'investissements: 2,4 milliards d'euros de dépenses sont prévus dans les équipements médicaux, l'informatique et surtout les travaux, dont plus d'un milliard pour des restructurations immobilières.

L'AP-HP assure que "cette trajectoire n'est pas remise en cause", son directeur Martin Hirsch, affirmant en outre dans une lettre aux personnels datée du 30 novembre que "ces investissements sont vitaux" et "nos tutelles (...) ne nous ont pas demandé de (les) revoir à la baisse".

Mais "l'Etat ne veut pas nous aider", déplore Cathy Le Gac, du syndicat Sud, rappelant que certains projets répondent pourtant à une "injonction politique", comme le futur hôpital Paris-Nord voulu par François Hollande.

"On se retrouve le bec dans l'eau", regrette Jean-François Mussard, de la CFDT, soulignant qu'"il va bien falloir trouver de l'argent" en plus des emprunts.

Une partie de la somme nécessaire proviendra de la vente d'immeubles, logements et terrains appartenant à l'AP-HP, qui table sur 300 millions d'euros en cinq ans grâce à "la politique dynamique de valorisation de son patrimoine".

Plusieurs cessions d'envergure sont imminentes, sur les sites parisiens de la Pitié-Salpêtrière, Necker et de l'ancien hôpital Broussais, ou encore au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), selon un document interne.

Ailleurs, des fermetures totales ou partielles d'hôpitaux ont été engagées à Garches (Hauts-de-Seine), Bondy (Seine-Saint-Denis), Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), Draveil (Essonne), mais aussi dans Paris, sur les sites de Fernand Widal et de l'Hôtel-Dieu, offrant de nouvelles opportunités foncières.

"Le recours à l'emprunt est un cercle vicieux", estime Rose-May Rousseau, de la CGT, pour qui "c'est le patrimoine social qui est utilisé pour payer la dette".

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