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Il y a 10 ans, le "Pacte Hulot" installait l'écologie en politique

En 2007, le "Pacte" proposé par Nicolas Hulot aux candidats à la présidentielle fait entrer l'écologie en politique par la grande porte. Un changement profond et durable même si l'enjeu environnemental, dix ans après, reste un combat.

"C'était un moment d'espoir et d'ambition", estime aujourd'hui Nicolas Hulot. "Il y a eu un basculement culturel: l'impératif écologique s'est déployé dans des sphères jusqu'alors peu préoccupées par ce sujet", dit-il à l'AFP.

A cette époque, les recherches sur le climat se précisent. Le film d'Al Gore fait un carton. L'opinion est de plus en plus réceptive et le fameux "Pacte écologique" de Hulot recueille 750.000 signatures de soutien.

Mais la réaction des politiques à ce programme d'actions, allant d'une agriculture de meilleure qualité à l'instauration d'une taxe carbone, se fait attendre.

C'est finalement la perspective d'une éventuelle candidature du populaire animateur d'"Ushuaïa" qui va les réveiller, raconte à l'AFP l'eurodéputé Vert Pascal Durand. "La classe politique a été prise de panique", ajoute ce proche de Hulot.

Le 31 janvier 2007, tous les candidats - dont Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, mais pas Jean-Marie Le Pen, non convié - signent le texte au musée du Quai Branly.

"L'idée derrière le Pacte était que l'enjeu écologique soit placé au coeur des politiques publiques", quel que soit le parti dominant, rappelle Nicolas Hulot. "Compte tenu de la gravité de la situation et de sa complexité, je pensais qu'on avait besoin de toutes les intelligences et qu'on ne pouvait se payer le luxe d'une loterie électorale. Et les promesses ont été tenues".

- 'Un avant et un après' -

Le Pacte ouvrira la voie au Grenelle de l'environnement, une concertation inédite incluant pour la première fois les associations.

Depuis, l'idée d'associer ONG, syndicats et patronat aux dossiers environnementaux est restée: institution d'un Conseil de la transition écologique (CNTE), conférences environnementales annuelles.

La France n'a pas eu son "vice-Premier ministre" à l'Environnement, comme prôné par le Pacte, mais l'écologie et l'énergie sont depuis 2007 gérées par un seul ministère.

"Il y a un avant, un après", souligne Pascal Durand. "Ca a été l'entrée dans une démocratie moderne".

Le Pacte a fait office de "brise-glace", confirme l'avocat Arnaud Gossement, alors chez France Nature Environnement: "Jamais on n'avait tant parlé d'écologie, une écologie qui ne se réduisait pas à protéger la nature mais traitait de fiscalité, d'institutions..."

Le succès tient à la personnalité de Hulot, ajoute-t-il, à son "discours neuf, pas moralisateur, montrant les opportunités". "Il sème l'idée qu'il faut s'ouvrir aux entreprises comme leviers d'action", même si ça ne plaît pas à tous les écolos, ajoute Me Gossement.

"L'acquis majeur de ce Pacte, c'est la prise de conscience des enjeux", pour Géraud Guibert, du "think tank" la Fabrique écologique. "Elle est bel et bien là, même si les hommes politiques tendent à voir ce sujet de manière cyclique".

- Et pour 2017? -

Après l'état de grâce et le vote à l'unanimité de la loi Grenelle I (urbanisme, énergie, agriculture etc), le soufflé retombe en 2010. Année où le président Nicolas Sarkozy lâche au Salon de l'agriculture son fameux "ça commence à bien faire" au sujet de l'environnement.

François Hollande présente lui un bilan mitigé aux yeux des défenseurs de l'environnement: la question nucléaire reste irrésolue, la France reste la championne des pesticides en Europe...

Alors, faut-il un nouveau Pacte écologique en 2017?

Nicolas Hulot, "veilleur actif" comme il se définit, soupire. "Après la COP21 (fin 2015), j'ai imaginé que le nouveau pacte allait de soi, sans besoin d'intervenir puisque le constat était sans appel et le moment œcuménique".

"Mais refaire un pacte ne marcherait pas comme ça", dit-il. "La société civile, beaucoup plus informée, doit imposer son exigence, et toutes les initiatives témoignant d'une profusion de volontés se joindre avant le 1er tour".

Pourquoi ne pas imaginer un pacte porté par les entreprises de la technologie verte? , suggère Arnaud Gossement.

"Comment ancrer efficacement l'écologie dans la société?", s'interroge aussi Pascal Durand. "Par la société civile? Ou par une entrée en politique et les élections? Pour moi c'est une conjonction des deux - mais je suis archi-minoritaire à le penser".

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