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L'Allemagne va-t-elle vraiment rembourser 11 milliards d'euros à la Grèce?

Ce matin dans la rubrique Bel RTL Eco, Bruno Wattenbergh revient sur la dette de guerre que réclame la Grèce, depuis l’arrivée au pouvoir de l’extrême gauche, à l’Allemagne. Ce vieux dossier compliqué a quelque peu rebondi ce week-end…

Le président allemand, a fait savoir dans une interview qu’il était favorable à un paiement par son pays des réparations de guerre réclamées depuis des années par la Grèce. De quoi parle-t-on?

Il faut distinguer deux choses. D’abord il y a les dommages de guerre que l’Allemagne a - au moins - partiellement remboursés à plusieurs reprises. Et la Grèce estime qu’il existe un reliquat. Et là, elle va un peu loin. En fait pour résumer, en 1953, la conférence de Londres a convenu d’un moratoire sur les réparations pour permettre à l’Allemagne de se reconstruire. Celui-ci prévoyait de revenir sur la question des réparations lorsque l’Allemagne serait réunie et dans le cadre d’un " traité de paix ". Ce qui s’est passé avec l’accord de 1990 signé par les alliés, et censé tirer un trait sur les dommages liées à la 2ème guerre mondiale. Un traité reconnu notamment par la Grèce. Bref, peu de chances de voir les allemands rouvrir ce dossier.

Par contre, la Grèce a d’autres arguments?

Exactement. Outre ces réparations de guerre, il y a aussi un " prêt " de 476 millions de reichmarks imposé en 1942 à la Banque nationale de Grèce par le 3ème Reich, comme cela a été le cas dans d'autres pays comme la Belgique d’ailleurs. Athènes estimerait sa valeur autour de 11 milliards d’euros. Et contrairement aux réparations de guerre, les juristes du gouvernement allemand considèrent, en tous cas il y a une note juridique de 2013 sur le sujet, ces juristes considèrent donc que l’accord de 1990, soldant les réparations, ne règle pas la question de ce fameux prêt forcé.


Mais il n’y a pas une forme de prescription?

Pas formellement, mais c’est en tout cas ce que les allemands soulèvent. De leurs côtés, les gouvernements grecs successifs, qu’ils soient de gauche ou de droite, ont toujours veillé à considérer la question comme ouverte, sans jamais poser d’actes formels pour réclamer le remboursement de ce prêt. L’Allemagne étant un partenaire commercial important.


Que vaudrait ce prêt aujourd’hui, s’il devait être remboursé?

Athènes estime sa valeur aujourd’hui à la louche à 11 milliards d’euros.


Que va-t-il se passer à présent?

D’abord les allemands, et les européens d’ailleurs, vont veiller à ne pas mélanger les sujets, veiller à séparer la discussion sur la dette grecque et ce dossier pourri qui resurgit. Ils vont ensuite veiller à mettre sur le côté le dossier très controversé des réparations, mais sans doute se pencher sur le dossier du prêt forcé. Les Allemands, on peut dire ce que l’on veut, sont éminemment responsables par rapport à une histoire qu’ils assument et qu’ils veulent solder autant que faire se peut. Responsabilité qui justifie la sortie ce week-end du président allemand. Ils vont donc sans doute faire des propositions, probablement via le fonds d’avenir germano-grec ou la fondation mise récemment en place pour indemniser les travailleurs forcés de la 2ème guerre mondiale.

 

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