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L'Apec se réunit en sommet au Pérou après le séisme Trump

Les principaux dirigeants de la zone Asie-Pacifique ont rendez-vous cette semaine au Pérou à l'occasion d'un des premiers sommets mondiaux après l'onde de choc provoquée par l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis.

L'Américain Barack Obama, le Chinois Xi Jinping, le Japonais Shinzo Abe et le Russe Vladimir Poutine participeront de jeudi à dimanche à la réunion annuelle de l'Organisation de coopération économique Asie-Pacifique (Apec).

Ce Forum rassemble 21 Etats représentant près de 60% de l'économie mondiale et 40% de la population mondiale: le sommet est donc théoriquement destiné à aborder les questions de libre-échange dans la zone.

Mais cette année plus que toute autre, la politique internationale sera au coeur des discussions à quelque semaines de l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, le 20 janvier prochain.

D'autant que Washington a annoncé que le président Obama rencontrerait cette semaine, lors de son ultime voyage à l'étranger, les dirigeants allemand, français, britannique et italien à l'occasion d'une visite à Berlin, puis le président chinois au Pérou, en marge du sommet de l'Apec. M. Trump ne sera en revanche pas présent à Lima.

L'élection inattendue du magnat de l'immobilier a fait naître des doutes à travers le monde, et en particulier chez les alliés des Etats-Unis

Durant la campagne, le candidat républicain a remis en cause la pertinence ou le fonctionnement d'alliances anciennes ainsi que l'accord mondial de Paris sur le climat ou encore celui âprement négocié avec l'Iran sur son programme nucléaire.

Ce séisme politique intervient quelques mois après le vote britannique en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit).

Pour tenter de rassurer, l'exécutif américain a rappelé la semaine dernière que les alliances avec le Japon, la Corée du Sud et l'Europe avaient traversé de nombreuses administrations, républicaine ou démocrate.

- Isolement -

Lors de sa campagne électorale très anti-establishment, M. Trump avait également pris pour cible, au nom du protectionnisme, l'accord de libre-échange entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada (Alena, 1994) ainsi que le Partenariat transpacifique (TPP).

Ce traité a été signé en 2015 par 12 pays (Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, Etats-Unis et Vietnam). Mais le texte doit encore être ratifié aux Etats-Unis où son avenir apparaît désormais incertain.

"Je pense que l'Apec traitera de deux points: les immenses questions qui se posent sur l'impact d'une présidence Trump sur le commerce et identifier toutes les voies non-américaines pour faire avancer le libre-échange", déclare à l'AFP Deborah Elms, directrice exécutive de l'Asian Trade Centre à Singapour.

"Les Etats-Unis ont apparemment choisi de se recroqueviller sur eux-mêmes, d'élever des barricades et de revenir à un glorieux passé d'isolement", estime-t-elle.

La Chine, qui a été exclue du TPP, devrait en profiter pour refaçonner le paysage des échanges économiques en Asie en poussant ses propres traités commerciaux.

Pour accroître son influence dans la région, Pékin entend donc accélérer son projet de Zone de libre-échange Asie-Pacifique (FTAAP), qui vise à rassembler les 21 membres de l'Apec. La Chine portera aussi le RCEP, projet d'accord de libre-échange entre l'Asean (Association des nations du sud-est asiatique), l'Australie ou encore la Chine, mais sans les Etats-Unis.

Plusieurs pays préviennent qu'en cas d'échec du TPP, d'autres accords commerciaux viendraient combler le vide créé.

"La Chine restera ferme et déterminée. Nous sommes également confiants", a déclaré la semaine dernière le vice-ministre des Affaires étrangères Li Baodong.

L'avenir même du libre-échange est "en jeu" après la victoire de M. Trump, estime Robert Lawrence, expert dans ce domaine à l'université américaine Harvard. "Le rôle des Etats-Unis est gravement compromis", déclare-t-il à l'AFP.

Le monde ne risque pas seulement de perdre le leadership américain sur l'intégration économique, il risque de voir "les Etats-Unis venir chambouler les échanges internationaux", ajoute Robert Lawrence.

Dans une économie si mondialisée que les produits "sont fabriqués partout", un virage protectionniste de la première économie mondiale pourrait freiner fortement le commerce et les investissements, prévient-il. "La politique commerciale de Trump risque de marquer une grande rupture s'il applique son programme", conclut M. Lawrence.

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