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La banque Crelan, pourtant détenue par des clients, licencie 160 personnes: deux idées reçues viennent de tomber

Notre spécialiste en économie Bruno Wattenbergh est revenu ce matin sur la restructuration de la banque Crelan annoncée hier. Elle va supprimer 160 emplois sur 810 employés, un fait étonnant venant d’une coopérative, mais qui s'explique. Cet exemple nous apprend que les licenciements ne sont pas toujours décidés par des actionnaires trop gourmands, et que même une coopérative doit s'adapter aux règles du marché si elle veut survivre.

Nous l’avons annoncé, la banque CRELAN va supprimer 160 emplois sur 810 employés. Un cas parmi d’autres a priori, ... mais pourtant CRELAN est une coopérative !

Ce n’est pas vraiment une banque comme les autres. Elle n’est par exemple pas cotée en bourse. Et de nombreux observateurs pensent, ou pensaient, qu’une banque propriété de coopérateurs et pas d’actionnaires ne pouvait procéder de la sorte.

Pourquoi peut-elle licencier ?

D’abord parce que si Crelan est une petite banque, mais soumise aux mêmes réglementations en croissance, aux mêmes exigences de fonds propres, que les grandes banques. Ces charges pèsent même proportionnellement plus lourd pour une petite banque. Vous rajoutez à cela les conditions particulières de marché, avec ces taux bas qui limitent drastiquement les marges bancaires, ou encore les investissements important pour numériser les produits bancaires et les relations avec les clients ... et vous avez un besoin urgent de diminuer les coûts. Le problème, c’est que la manière la plus simple et la plus rapide d’augmenter la marge, c’est de licencier du personnel.

Qui possède la banque coopérative, qui décide et à qui vont profiter ces économies ?

La banque Crelan, c’est l’ancien Crédit Agricole. Les coopérateurs sont donc majoritairement issus du monde agricole, où Crelan conserve une belle part de marché.

Mais il ne faut pas se méprendre. Le but des coopérateurs avec une telle restructuration n’est pas de faire augmenter la valeur de leur part de coopérateur, mais de pérenniser la banque, de préserver son existence sur le long terme, notamment en faveur des agriculteurs.

Pour cela, il faut dégager une marge suffisante que pour pouvoir investir, innover, pour mieux répondre aux besoins des clients qui ne sont pas mariés avec la banque. C’est ce que dit le patron de Crelan, mais aussi ce que disent les autorités bancaires.

Et à la limite, ce dossier est horriblement pédagogique. On ne peut pas expliquer cette restructuration par l’existence d’actionnaires trop gourmands. On ne peut pas non plus continuer à croire qu’une coopérative peut fonctionner sur un marché concurrentiel sans devoir s’adapter aux réalités du marché, quitte à devoir éventuellement licencier du personnel. L’objet social de la coopérative Crelan est de faire son métier de banque pour le monde agricole, pas de préserver des emplois. C’est une dure réalité.

C’est décevant, mais supposons que Crelan ne licencie pas. Que se passerait-il ?

Une banque qui va progressivement se fragiliser et qui deviendra une proie pour les grandes banques. Et en tant que citoyen, je préfère conserver des grandes et des petites banques et choisir chez qui je mets mon argent.

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