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La Banque de Suède abaisse son taux d'intérêt directeur

La Banque de Suède a poussé encore plus loin son expérience des taux négatifs, abaissant son taux d'intérêt directeur à -0,5% dans l'espoir d'accélérer l'inflation.

Cela fait un an que ce taux, celui des prêts aux banques sur sept jours, est en territoire négatif.

Pourtant la Suède est loin d'être une économie en crise: après 3,7% de croissance en 2015, elle devrait enchaîner avec 3,5% en 2016, selon la banque centrale. Le taux de chômage devrait d'après elle baisser de 0,6 point cette année, à 6,8%.

Mais la Riksbank a une inquiétude, celle de voir les prix stagner.

"L'économie continue à se renforcer mais il est prévu que l'inflation sera plus faible au cours de l'année 2016 que prévu jusque-là. La période d'inflation basse sera par conséquent plus longue", a-t-elle souligné dans un communiqué.

"Cela accroît le risque de diminuer la confiance placée dans l'objectif d'inflation", a-t-il ajouté.

La décision, même si elle était attendue, a suscité des réserves chez certains économistes.

Mikael Sarwe, de la banque Nordea, calculait par exemple qu'en se fiant au modèle (critiqué) de la "règle de Taylor", avec le niveau de prix et d'activité actuels le taux directeur devrait être à 2,5%. "C'est comme ça qu'on crée des bulles", a-t-il écrit sur Twitter.

"De 500% en 1992 à -0,50% en 2016. Des mesures extrêmes", soulignait Anna Breman, de la banque Swedbank, rappelant la thérapie de choc adoptée contre les attaques que subissait la couronne suédoise il y a 24 ans.

"Qui va gagner la course vers les profondeurs?", s'interrogeait Tina Helenius, de la banque Handelsbanken.

- L'arme de l'intervention -

La Banque de Suède agit en effet dans un contexte de ralentissement de l'économie mondiale où, une nouvelle fois, de nombreux pays aimeraient voir leur monnaie baisser pour aider leurs exportateurs.

C'est le cas par exemple de son voisin, la Norvège, dont la banque centrale laisse sous-entendre qu'elle va encore baisser son taux directeur, qui est à son plus bas historique (0,75%).

Fin janvier, la Banque du Japon s'était convertie aux taux négatifs, abaissant à -0,1% son taux de dépôt au jour le jour. La BCE avait abaissé ce même taux à -0,3% début décembre.

L'annonce de la Banque de Suède a eu pour effet immédiat de faire baisser la couronne, comme souhaité.

De plus, l'institut monétaire se tient prêt si nécessaire à user d'une autre arme, l'intervention sur le marché des changes, "si la couronne s'apprécie tellement vite qu'elle menace la tendance à la hausse du taux d'inflation".

Ce serait une première pour elle depuis 2002, époque à laquelle le but était à l'inverse de soutenir la monnaie nationale.

Une politique monétaire aussi généreuse peut avoir des effets indésirables sur l'économie nationale. En Suède, les regards se tournent vers le marché immobilier, où les prix ont grimpé à des hauteurs inquiétantes.

"Les risques liés à l'endettement des ménages doivent être contenus", a souligné la banque centrale. Mais elle renvoie à la responsabilité du gouvernement et du régulateur financier.

C'est peut-être le marché immobilier qu'avaient en tête deux membres sur six du comité de politique monétaire qui ont voté contre la décision de baisser le taux directeur, plaidant pour le maintenir à -0,35%.

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