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La BCE attendue sur ses projets pour 2017

La Banque centrale européenne (BCE) devrait marquer une pause jeudi, un mois après avoir encore renforcé son soutien à la zone euro, mais sera priée de préciser ses intentions futures au moment où l'économie semble gagner en tonus.

Le conseil des gouverneurs, auquel siègent six directeurs et les 19 gouverneurs des banques centrales nationales de la zone euro, publiera ses dernières décisions à 12h45 GMT, avant une conférence de presse du président Mario Draghi à partir de 13h30 GMT.

"La BCE va s'en tenir au statu quo", mais "la conférence de presse sera particulièrement exigeante pour Draghi, les derniers développements suggérant un retour de l'inflation" au sein du bloc monétaire, anticipe Jesus Castillo, économiste chez Natixis.

L'Italien "devra expliquer de manière aussi pédagogique que possible pourquoi le conseil ne va plus bouger à court terme", souligne l'analyste, alors que les critiques contre la politique ultra-accommodante de la BCE se multiplient, en particulier en Allemagne.

- Incertitudes politiques -

Début décembre, les banquiers centraux s'étaient inquiétés d'une inflation toujours faible, ainsi que des conséquences encore incalculables du Brexit britannique et de l'élection du nouveau président américain Donald Trump, chantre du protectionnisme.

Dans ce contexte et malgré des perspectives économiques légèrement meilleures, la BCE avait décidé d'étendre son vaste programme de rachat de dettes publiques et privées lancé début 2015, qui prévoyait jusqu'alors d'acquérir pour 80 milliards d'euros de titres tous les mois jusque fin mars.

Passée cette date, l'institution poursuivra ses rachats jusque fin décembre, au rythme toutefois de 60 milliards d'euros par mois. Un dispositif qui s'ajoute à des taux directeurs à un plus bas historique et à des prêts géants gratuits en faveur des banques.

En décembre, les prix à la consommation en zone euro ont bondi de 1,1% sur un an, après un gain de 0,6% en novembre, et ils devraient grimper encore plus fortement ces prochains mois, prévoient les analystes, ce qui est une bonne nouvelle pour la BCE.

Mais cette progression est surtout due à la seule remontée des cours du pétrole et masque de profondes disparités: si l'inflation a progressé à 1,7% en décembre en Allemagne, elle n'a en revanche montré aucune vigueur en Grèce ou en Italie.

Une situation qui menace de virer au casse-tête pour la banque centrale, tiraillée entre des appels à en faire davantage et à en faire moins.

"La BCE va vraisemblablement insister ce jeudi sur le fait qu'elle maintiendra sa politique jusqu'à ce qu'elle soit sûre que l'inflation en zone euro revient de manière durable vers son objectif", à savoir un peu moins de 2%, estime Howard Archer, du cabinet IHS Markit.

Les fortes incertitudes, notamment politiques, qui pèsent sur les perspectives de croissance en 2017 "devraient également l'encourager" à ne pas baisser la garde trop tôt, juge M. Archer.

- Colère des épargnants allemands -

"Si les indicateurs continuent à s'améliorer, les appels à en faire moins vont devenir plus pressants", estime toutefois Ben May, chez Oxford Economics.

En Allemagne notamment, les très faibles taux d'intérêts provoquent la colère des épargnants qui s'affolent de voir leurs placements rapporter de moins en moins. Et le récent bond des prix fait craindre une évaporation pure et simple d'une partie de leurs économies.

"Les taux bas sont une catastrophe pour les épargnants allemands", s'est notamment insurgé Markus Söder, un ténor de la CSU, l'allié bavarois du parti CDU de la chancelière allemande Angela Merkel.

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a, lui, appelé la BCE à amender sa politique dès cette année.

De son côté, la banque centrale veut éviter qu'une réduction prématurée de ses aides ne vienne gripper la reprise en zone euro, au moment où plusieurs échéances électorales clés sont attendues en France, aux Pays-Bas, en Allemagne et probablement en Italie.

Jeudi, M. Draghi va probablement répondre "que les derniers développements justifient la décision du mois dernier et calmer", au moins temporairement, les critiques, pointe Marco Valli, chez UniCredit.

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