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La face cachée d'Uber: 1.000€/mois pour 50h/semaine, SMS menaçants et faux papiers (vidéo)

L'application qui a lancé une petite révolution dans le monde du travail n'a pas que des adeptes. Si le concept 'Uber' séduit le grand public par ses nombreuses qualités, il y a forcément une face cachée: on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs. Résumé d'un reportage paru sur une chaîne télévisée française il y a peu de temps.

Du point de vue du consommateur, l'arrivée d'Uber, ce service qui met en relation des chauffeurs et leurs clients via une application, n'a que des avantages. Simplicité de la réservation et du paiement, système de réputation des chauffeurs, convivialité de l'application qui permet de suivre la voiture sur une carte, etc…

Mais le plus important aux yeux du grand public, c'est la concurrence qu'a apportée Uber. Aujourd'hui réglementé en Belgique (on en a parlé ici il y a peu), le service a donné un grand coup de pied dans la fourmilière des sociétés de taxi, en situation de quasi-monopole malsaine, et pas vraiment ravies de voir l'arrivée d'une telle "libéralisation" du marché.

Le problème serait en cours de régularisation au niveau européen, l'Union souhaitant contraindre Uber à suivre les règles des sociétés de transport ce qui le mettrait sur un pied d'égalité avec les sociétés de taxi. Mais rien n'est entériné.

Entretemps, il est essentiel de se pencher sur le métier même de chauffeur Uber. L'émission C Politique sur France 5 a fait le point il y a quelques temps sur "la face cachée" de l'entreprise américaine qui défraye souvent la chronique (perte financière importante due à un déploiement massif à l'international, test de voitures sans chauffeur, etc).

De belles promesses au début: "C'était assez magique"

Au début, tout va bien. Antoine a laissé tomber une place de salarié il y a quatre ans, a emprunté de l'argent pour s'acheter une belle berline et a suivi une formation de chauffeur.

"On est plutôt bien accueilli par la plateforme, tout se passait bien, on travaillait. Comme les courses ne tombaient pas tout le temps au début, on nous garantissait un chiffre d'affaire pour qu'on reste sur le terrain. C'était assez magique".

Tout semble donc génial, comme la publicité d'Uber, qui se veut un moyen pour une partie de la population sans diplôme d'accéder à l'emploi tout en étant indépendant.

La fourchette, pour 60 heures par semaine, c'est entre 700€ et 1.700€

1.000€ par mois pour 50 heures par semaine

Hélas, la réalité est moins belle. Surtout au niveau financier. C'est qu'entretemps, Uber a fait passer ses commissions de 20 à 25%, tout en abaissant le prix minimum de la course de 8 à 5€. Antoine, désormais, gagne 1.000 euros net par mois. C'est moins que le salaire minimum. Or il affirme travailler environ 50 heures par semaine.

Mais il y a une bataille des chiffres au niveau des gains des chauffeurs Uber (ou même ceux d'autres plateformes). Uber parle d'un salaire compris entre 18€ et 23€ bruts de l'heure. Sayah Baaroun, à la tête d'un syndicat de chauffeurs VTC (Voiture de transport avec chauffeur) en France, a retourné le problème dans tous les sens et admet une marge: "La fourchette, pour 60 heures par semaine, c'est entre 700€ et 1.700€" par mois, nets, toutes charges déduites. "1.700€, c'est si le gars optimise tout, au niveau des assurances moins chères", des tranches horaires, des trajets, des localisations, etc…

Bref, des salaires bas ou très moyens, compte tenu du nombre d'heures à prester et des horaires à couvrir.

Pression et manque de contrôle

Au-delà de la problématique financière, il y une certaine pression liée à l'appartenance à la communauté Uber, qui surveille de près le comportement de ses chauffeurs.

Récemment, Antoine a du annuler une course car le lieu de destination du client était inaccessible. "Nous avons exceptionnellement décidé de garder votre compte actif, mais sachez que toute nouvelle infraction supposée à une règle fondamentale entraînera une suspension immédiate de votre compte", peut-on lire dans un SMS envoyé par Uber. "C'est tout le respect que donne Uber à ses chauffeurs. Sur un clic, on te dégage, comme ça", explique le témoin du reportage.

L'autre face cachée, c'est le manque de contrôle des nouveaux chauffeurs. L'inscription sur Uber est un peu trop facile. Un journaliste de France 5, en caméra cachée, s'est inscrit dans l'un des bureaux physiques d'Uber en France. Il a reçu son petit package d'activation (vignette, support, chargeur allume-cigare) et ses papiers en 4 minutes. Il n'avait pourtant montré qu'une photo (sur son smartphone) de ces documents officiels. Des images grossièrement retouchées par un amateur, un chauffeur Uber, justement. Ce dernier confie d'ailleurs que "c'est très courant, des chauffeurs clandestins, il y en a plein chez Uber". Conséquences directes: "vous pouvez commander un Uber, sans savoir sur qui vous allez tomber ; s'il vous arrive un accident, vous n'êtes pas couvert si le chauffeur n'a pas d'assurance ou roule avec des faux documents… c'est dangereux".

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