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La Fashion Week de Londres veut chasser le "Brexit blues"

La Fashion Week de Londres s'est ouverte vendredi avec pour mot d'ordre de chasser le Brexit blues, même si les ventes dynamiques de l'été, grâce à une érosion de la valeur de la monnaie britannique, ont pour l'instant rassuré le secteur.

La plupart des couturiers et stylistes avaient exprimé leur préférence pour un maintien dans l'Union européenne lors du référendum du 23 juin, redoutant l'impact d'un Brexit sur les exportations, les coûts et l'arrivée de jeunes talents. Le résultat n'a pas été conforme à leur voeu mais sans leur porter tort pour l'instant.

"Ce n'est peut-être pas le résultat que nous voulions mais il faut admettre que la confiance règne", a déclaré vendredi la styliste britannique Anya Hindmarch.

Caroline Rush, la présidente du "British Fashion Council", l'organisateur de la Fashion Week londonienne, estime aussi qu'"il faut regarder le bon côté des choses" et évoque le rebond des ventes du secteur du luxe comme du secteur de détail au cours des derniers mois au Royaume-Uni.

Les analystes soulignent que le recul de la livre depuis le Brexit, qui a entraîné une baisse des prix, a particulièrement profité au secteur du luxe, avec des touristes plus prompts à ouvrir leur porte-monnaie.

La Première ministre britannique Theresa May se veut également confiante pour une industrie qui génère 28 milliards de livres chaque année et contribue à près de 900.000 emplois. "Des petites enseignes britanniques aux grandes maisons internationales, l'industrie de la mode va jouer un rôle majeur pour transformer le Brexit en succès", a-t-elle affirmé lors d'une réception jeudi au 10, Downing Street.

- Fuite des talents -

D'autres, en revanche, se montrent beaucoup plus mesurés.

La chaîne de magasins de vêtements Next confirme que l'érosion de la livre sterling face à l'euro a soutenu ses ventes. Mais elle redoute qu'elle fasse à terme grimper les prix en renchérissant le coût des matières premières importées.

"Soudain, nous coûtons 10% de moins et allons vendre plus. Mais qui sait si demain nous ne seront pas 4% plus cher?", dit également à l'AFP Anya Hindmarch, dont les magasins sont présents à travers le monde.

La perte de l'accès au marché unique européen, sur lequel 70% de la production textile britannique s'est écoulée en 2014, est la principale préoccupation du secteur.

Il y aussi le risque qu'une politique plus restrictive en matière d'immigration -que réclament les Britanniques qui ont voté pour le Brexit- ne fasse fuir les talents étrangers, dont l'apport a contribué à construire la réputation de Londres comme un lieu de création unique.

"Beaucoup de nos stylistes ne sont pas nés au Royaume-Uni mais sont venus ici pour étudier, et sont finalement restés et ont créé leurs entreprises qui emploient aujourd'hui des centaines, si ce n'est des milliers de personnes", rappelle Caroline Rush.

En attendant, les cinq jours de la London Fashion Week, qui s'est ouverte vendredi sur des shows de Burberry, J.W. Anderson et Topshop Unique, vont confirmer plusieurs tendances lourdes. Burberry va ainsi imiter Gucci, Tom Ford et Vivienne Westwood en présentant ensemble des collections femmes et hommes lundi.

Quant à la collection de Topshop Unique, elle sera disponible à la vente aussitôt pour répondre à l'impatience des clients.

Le rendez-vous londonien sera aussi l'occasion pour des associations de défense des droits de la femme de se faire entendre. #NoSizeFitsAll, une campagne lancée sur les réseaux sociaux, milite ainsi pour une plus large palette de tailles pour les vêtements et "des mannequins qui ont l'air en meilleure santé".

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