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La France va réclamer officiellement l'arrêt des négociations sur le TTIP

Le gouvernement français va demander en septembre à la Commission européenne "d'arrêter" les négociations sur le TTIP ou Tafta, le projet de traité de libre-échange entre Européens et Américains, a annoncé mardi le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Matthias Fekl.

"Il n'y a plus de soutien politique de la France à ces négociations" entre l'UE et les Etats-Unis, et "la France demande l'arrêt de ces négociations", a déclaré M. Fekl, sur la radio RMC.

Il a justifié cette demande par le fait que les négociations, qui sont menées, côté européen, par la Commission européenne au nom des Etats membres, souffraient d'un déséquilibre en faveur des positions américaines. "Les Américains ne donnent rien ou alors des miettes (...), ce n'est pas comme ça qu'entre alliés on doit négocier", a-t-il indiqué, ajoutant que "les relations ne sont pas à la hauteur entre l'Europe et les USA". "Il faut un coup d'arrêt clair et définitif à ces négociations pour repartir sur de bonnes bases", a encore argumenté M. Fekl.

La France exprimera cette position en septembre, lors d'une réunion des ministres chargés du commerce extérieur à Bratislava, a-t-il précisé.


Rien ne dit que Trump ou Clinton voudront continuer à négocier

M. Fekl n'a pas précisé à quelles conditions ces négociations pourraient repartir, ni à quelle date. Mais alors que le président américain Barack Obama espère officiellement les conclure avant la fin de son mandat, tout laisse entendre que la question sera réglée par son successeur à la Maison blanche, début 2017. Le président François Hollande a d'ailleurs affirmé que la France ne voulait pas "cultiver l'illusion" d'un accord sur ce traité transatlantique "avant la fin de l'année" et "la fin du mandat" du président Barack Obama.

Mais les deux principaux candidats à la présidence, la démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump, ont déjà tous deux sévèrement critiqué le TTIP. Négocié dans le plus grand secret depuis mi-2013 par le gouvernement américain et la Commission européenne, l'accord TTIP (Transatlantic Trade Investment Partnership, également connu sous un autre acronyme anglais, Tafta), vise à supprimer les barrières commerciales et réglementaires de part et d'autre de l'Atlantique pour créer une vaste zone de libre-échange censée doper l'activité économique.

Mais il a du plomb dans l'aile depuis plusieurs mois, notamment en raison de vives critiques d'ONG altermondialistes ou environnementales, qui craignent qu'il ne conduise à une déréglementation généralisée au profit des grandes entreprises. Et le traité est de plus en plus contesté au sein même des gouvernements européens.


L’Allemagne constate aussi l’échec des négociations

Dimanche, le vice-chancelier et ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel, avait également estimé que les négociations entre Européens et Américains pour mettre sur pied un vaste traité de libre-échange (TTIP ou Tafta) avaient échoué. "Les discussions avec les Etats-Unis ont de facto échoué car nous, Européens, ne devons bien sûr pas céder à leurs exigences", avait-il affirmé sur la chaîne de télévision publique ZDF. "Rien n'avance", avait-il encore souligné.


La Commission y croit toujours

De son côté, la Commission européenne a indiqué lundi poursuivre les négociations avec les Etats-Unis sur base du mandat unanime qui lui a été accordé par les 28 Etats membres de l'UE en 2013, et reconfirmé en juin dernier. "Toutes les discussions commerciales prennent du temps et la Commission continue à engranger des progrès", a assuré le porte-parole de l'exécutif européen, Margaritis Schinas, se refusant toutefois à commenter directement la déclaration du vice-chancelier allemand.

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