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La Réunion: l'éruption au Piton de la Fournaise est partie pour durer

L'éruption, qui s'est déclenchée dimanche à La Réunion au Piton de la Fournaise et pourrait durer plusieurs semaines, attire par son ampleur nombre de curieux le long de la "route des laves".

"L'éruption pourrait durer. Nous sommes devant un phénomène semblable à ceux que nous avons eus à la fin des années 90 et jusqu'au milieu des années 2000. Les éruptions duraient plusieurs semaines et déversaient de très grandes quantités de lave", explique à l'AFP Nicolas Villeneuve, directeur de l'observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise (OVPF).

"Là, nous avons un débit estimé par satellite entre 25 et 50 m3 par seconde, sachant que nous étions autour de 8 ou 10 m3 par seconde lors de la dernière éruption en février. C'est un phénomène beaucoup plus intense", observe-t-il.

"Tous les Réunionnais du sud et de l'est ont pu constater un panache qui monte à plus de 4.000 mètres de haut. D'ailleurs, ici, à la Plaine des Cafres, il y a une forte odeur de souffre", ajoute le directeur de l'OVPF.

Ces prévisions d'éruption longue réjouissent bon nombre de Réunionnais, de tout temps admiratifs du spectacle offert par le volcan. Cette fois, et ce n'est pas toujours le cas, les spectateurs peuvent être aux premières loges. Les coulées de lave sont visibles de la route nationale longeant le littoral sud-est de La Réunion.

Philippe, Sylvie et leurs deux enfants n'ont pas pu venir "veille volcan" ("voir le volcan" en créole réunionnais) dès dimanche soir, mais ils sont arrivés au Tremblet (un lieu-dit de la commune de Saint-Philippe, au sud de l'île) lundi en fin d'après-midi. "On arrive de Saint-Denis (le chef-lieu du département à environ 80 kilomètres du Tremblet). On a attendu que les enfants finissent l'école et on a pris la route". La famille a prévu de rester jusqu'au lever du jour. "Les enfants vont dormir dans la voiture pour pouvoir aller en classe demain, et nous, nous irons directement travailler", prévoit la mère de famille.

En début de soirée et malgré une pluie fine, une centaine de voitures étaient stationnées le long de "la route des laves", surnom de la Nationale 2 car elle a été à plusieurs reprises traversée par la lave en fusion lors de précédentes éruptions.

- Coulée rouge vif -

"On a de la chance, nous étions déjà sous le charme de La Réunion, mais là c'est le plus beau cadeau qu'on pouvait avoir", lance Eric, un touriste originaire de la région de Lyon. Non loin, une coulée rouge vif chemine lentement, sous les flashes des photographes et l'objectif des caméras.

L'observatoire volcanologique n'exclut pas que la lave finisse par atteindre la route et la traverser avant de se jeter dans l'océan Indien. "Les pentes vont accélérer la coulée, tomber sur un plateau puis sur la forêt qui va ralentir sa course. Mais si le débit se maintient, il n'y a pas de doute : ça devrait avancer de plus en plus vers la mer", promet Nicolas Villeneuve.

La lave a traversé la RN2 pour la dernière fois en 2007. L'éruption avait duré un peu plus d'un mois et 120 millions de m3 de lave avaient été déversés par la Fournaise. L'éruption la plus longue, en 1998, s'était prolongée six mois.

En général, les phénomènes éruptifs ont lieu dans l'enclos (caldera centrale du volcan) dans une zone totalement inhabitée. Mais en 1977 et en 1986, la lave était sortie de l'enclos, provoquant la destruction du village de Piton Sainte-Rose (commune de Sainte-Rose, sud-est, en 1977) et du village du Tremblet (commune de Saint-Philippe, sud, en 1986).

Le Piton de la Fournaise nourrit aussi l'imaginaire populaire réunionnais. Plusieurs histoires ont le volcan pour cadre ou acteur. La légende s'est encore renforcée depuis l'éruption de 1977, lorsque après avoir englouti toutes les maisons environnantes, la lave s'était arrêtée aux portes de l'église de Piton Sainte-Rose se scindant en deux bras qui ont contourné l'édifice religieux sans le détruire.

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