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La saga EPR: une mise en service sans cesse repoussée

Problèmes techniques, surcoûts, accidents de chantier, anomalies de la cuve: le projet du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche) est à la peine depuis son lancement, il y a treize ans.

- 2004: les débuts -

En mai 2004, feu vert du gouvernement à la construction d'un réacteur nucléaire de 3e génération, dit EPR (réacteur pressurisé européen). EDF l'implante sur le site de Flamanville, où deux réacteurs de 2e génération sont déjà activés. Il doit devenir la vitrine commerciale de la filière nucléaire française.

Le premier béton est coulé en décembre 2007 pour une mise en service prévue pour 2012. Dès l'année suivante l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) fait état de fissures dans le béton de la plateforme et les travaux sont suspendus pendant un mois.

A partir de cette date, la facture de l'EPR sera sans cesse réévaluée par EDF. De 3,3 milliards d'euros en 2006, elle atteint plus de 10 milliards d'euros aujourd'hui.

- 2010: premier report et décès sur le chantier -

En 2010, EDF annonce le premier report, à 2014, de la "première production commercialisable" de l'EPR. L'année suivante, deux ouvriers décèdent après des chutes sur le chantier et un nouveau report est fixé à 2016.

En avril 2014, trois mois après la pose de la cuve de 425 tonnes du réacteur, Bouygues TP est condamné à 75.000 euros d'amende en correctionnelle pour homicide involontaire d'un soudeur sur le chantier en 2011. La société est relaxée en appel mais la cour la condamne à 8.000 euros d'amende pour "omission de remise d'un plan prévisionnel de prévention des risques" conforme à la réglementation.

- 2015: anomalies détectées sur la cuve -

En avril 2015, découverte d'une anomalie dans la composition du couvercle et du fond de la cuve fabriqués par Areva en 2006 et 2007. Selon l'ASN, elle est due à une concentration de carbone plus importante que la norme. Des défauts de soudure sont aussi détectés sur le réacteur.

A la fin de l'année, l'ASN donne son feu vert à un lancement du programme d'essais d'Areva destiné à démontrer la résistance de la cuve sur laquelle l'anomalie a été détectée.

Un an plus tard, Areva annonce que des "anomalies" ont été détectées dans le suivi des fabrications d'équipements au sein de son usine du Creusot (Saône-et-Loire) où a été fabriquée la cuve.

EDF prévoit désormais une entrée en service fin 2018.

- 2017: l'avis attendu de l'ASN -

Le 20 mars 2017, la cour d'appel de Caen alourdit à 29.250 euros une amende infligée en 2015 à Bouygues TP pour une affaire de travail au noir ayant impliqué au moins 460 salariés polonais et roumains sur le chantier. D'autres sociétés comme Atlanco et Elco avaient été condamnées plus lourdement.

EDF commence la phase des essais préalables au démarrage du réacteur, confirmé pour fin 2018, avant sa mise en service commerciale en 2019.

Le 26 juin, les experts de l'ASN débutent une réunion de deux jours à l'issue de laquelle ils doivent rendre leur proposition d'avis concernant la cuve. Suivront une première décision de l'ASN dans la semaine puis une procédure de consultation du public, avant un avis définitif à l'automne.

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