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Le britannique Pearson veut tourner la page des éditions Penguin

En difficulté, le groupe britannique Pearson a entamé des discussions avec son partenaire allemand Bertelsmann pour lui céder ses parts dans la grande maison d'édition Penguin Random House, qui publie entre autres la fameuse saga Game of Thrones aux Etats-Unis.

Pearson plongeait de 28% à la Bourse de Londres à une heure de la clôture, après avoir en outre averti sur ses résultats.

Présenté comme "le plus important groupe d'édition grand public du monde" et né de la fusion en 2013 des activités éditoriales de Bertelsmann (Random House) et du britannique Pearson (Penguin), Penguin Random House est actuellement détenu à 53% par le premier et à 47% par le second.

Hormis la monumentale série d'héroïc fantasy Game of Thrones pour le marché américain, Penguin Random House publie dans le monde entier des auteurs à succès comme John Grisham (La firme) ou Paula Hawkins (La fille du train).

Ce groupe anglo-saxon - dont ne fait pas partie Random House Allemagne - regroupe 250 maisons d'édition, publiant plus de 15.000 nouveautés chaque année et générant 3,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel.

Pearson a annoncé mercredi qu'il allait actionner une clause qui lui permettait de sortir du capital de Penguin Random House, afin de se renflouer au moment où il connaît une passe difficile.

"Nous prévoyons d'actionner la clause de sortie de notre part de 47% dans Penguin Random House auprès de notre partenaire dans la coentreprise, Bertelsmann, en vue de céder notre part", a expliqué le groupe britannique dans un communiqué.

Bertelsmann s'est dit immédiatement ouvert à la discussion: "Nous sommes prêts à augmenter nos parts dans Penguin Random House, pourvu que les conditions financières soient raisonnables", a déclaré dans un communiqué distinct le patron du groupe allemand, Thomas Rabe, sans donner de valeur chiffrée.

Augmenter ses parts dans Penguin Random House permettrait entre autres à Bertelsmann de renforcer encore sa présence aux Etats-Unis.

Un porte-parole de Pearson interrogé par l'AFP a précisé que des discussions étaient en conséquence déjà ouvertes entre les deux partenaires. Il a ajouté qu'elles pourraient prendre "quelques mois", sans indiquer quelle fourchette de prix Pearson visait.

- On cède le meilleur ? -

Cette annonce s'inscrit dans une série de mesures prises par Pearson pour "rebâtir son portefeuille et sa structure capitalistique", au moment où ses comptes souffrent des difficultés de son activité éducative à haute valeur ajoutée aux Etats-Unis.

Cette activité en particulier a vu ses revenus chuter de 18% en 2016 sur fond de difficultés face au passage au numérique et Pearson a averti que l'année 2017 se présentait de façon très mitigée. Il a prévenu que son profit hors éléments exceptionnels risquerait d'être inférieur de 180 millions de livres pour cette année (205 millions d'euros), par rapport à ce qu'il avait espéré en début d'année dernière.

Ces diverses annonces inquiétaient les investisseurs, qui cédaient son titre à tour de bras: l'action chutait de 28,59% à 577 pence vers 15H30 GMT à la Bourse de Londres.

"La décision des dirigeants de céder la meilleure partie de son activité pour pouvoir se concentrer sur la plus faible semble étrange, au vu de l'ampleur des changements à l’œuvre dans le marché de l'éducation", a expliqué Michael Hewson, analyste chez CMC Markets UK.

Il a ajouté que Pearson aurait besoin d'autre chose qu'un coût de baguette magique à la Harry Potter, dont Penguin vend les livres audios, pour "remettre d'aplomb une activité dont il cède le meilleur, sans se convertir de façon plus franche à la révolution numérique".

Pearson s'est recentré sur le secteur éducatif après avoir vendu en 2015 le Financial Times et sa part dans The Economist, alors que son partenaire allemand Bertelsmann est un grand groupe privé de médias, propriétaire notamment de RTL, M6 et de nombreux magazines comme Geo ou Gala.

Pearson avait annoncé en janvier 2016 la suppression de 4.000 postes, afin de faire face au ralentissement de la demande dans l'éducation.

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