Accueil Actu

Le designer Octave de Gaulle veut rendre la vie dans l'espace "confortable"

La Station spatiale internationale est "construite comme l'intérieur d'un PC, c'est brutal et spartiate!": le designer français Octave de Gaulle travaille sur l'ergonomie de nouveaux engins spatiaux pour rendre la vie dans l'espace "confortable".

A 30 ans, cet arrière-petit-neveu du général de Gaulle a fait le pari qu'à terme "le tourisme spatial et l'exploration martienne" des agences gouvernementales ou des milliardaires Richard Branson (Virgin Galactic) Jeff Bezos (Blue Origin) ou encore Elon Musk (SpaceX), vont ouvrir des marchés inépuisables.

"Là où il y a 50 ans, on ne s'occupait que de paramètres physiologiques, aujourd'hui les paramètres psychologiques sont devenus prépondérants. Le design des engins spatiaux va devenir de plus en plus important", explique le jeune concepteur lors d'un entretien avec l'AFP, à l'occasion des 20 ans de la Cité de l'espace à Toulouse.

Diplômé de l’École française supérieure de création industrielle (ENSCI), du Politecnico de Milan et de l'International School of Design de Cologne, il a créé, SPADE, petite société de conception d'objets spatiaux, l'une des rares en Europe. "On peut vivre de ce genre de design", assure-t-il, refusant jusqu'en 2018 de dévoiler le nom de son unique mais "gros client".

Dans le cadre de son master, obtenu avec les félicitations du jury, Octave de Gaulle avait créé un prototype de service à vin: une bouteille, un gros anneau tubulaire, et un verre baptisé "bulle", qui ressemble au jouet destiné à faire des bulles de savon.

Fin 2015, il a présenté une table modulaire dans laquelle l'astronaute glisse ses genoux dans des boudins qui bloquent les jambes. Il a aussi imaginé un aménagement complet de station spatiale. A l'intérieur, les barres d'aluminium et sangles qui équipent l'actuelle ISS sont remplacées par des "surfaces souples et des tissus techniques" permettant de ne plus bouger.

- Mélange d'art et de recherche -

"Il ne s'agit pas de faire joli. On assimile trop souvent le design à un travail de stylisation pour gens aisés. Le design, ce n'est pas ça. C'est réfléchir à l'ergonomie du bien vivre avec les objets", fait-il valoir, considérant son travail comme un mélange d'art et de recherche.

"En apesanteur, c'est comme si on annulait tout ce que l'on sait depuis 2000 ans sur les objets. Il faut réfléchir sur de nouveaux paramètres", insiste Octave de Gaulle.

Il s'agit de créer "un objet incapable de s'envoler" pour pallier l'un des problèmes récurrents dans l'espace: tout reste en suspension quand ce n'est "pas scotché, scratché..."

"Dans l'espace, on ne peut pas reprendre les standards qu'on a appris. Il faut tout" réinventer, poursuit-il, souhaitant que ses recherches soient "la première marche d'une nouvelle civilisation de design" en cas de voyage sur la Lune ou ailleurs.

Pour trouver des solutions, Octave de Gaulle a regardé les travaux d'un autre designer aujourd'hui décédé, l'Américain Raymond Loewy (station Skylab), et rencontré de nombreux scientifiques et spationautes, comme Claudie Haigneré et Jean-François Clervoy. Il a aussi fait des tests en apesanteur.

L'enjeu est "de parvenir à coincer" objets et personnes, mais aussi d'afficher une certaine douceur optique: "J'essaye de dessiner des stations où il y a des coussins partout".

Aujourd'hui, l'ISS est "construite comme l'intérieur d'un PC, c'est brutal et spartiate avec des espaces peu malléables", constate-t-il. Or pour lui, l'avenir passe par "des lieux versatiles".

"Je cherche à faire des choses qui fonctionnent avant de faire du +look+", ajoute M. de Gaulle, qui veut concevoir un endroit où "l'astronaute ne se sentira pas maltraité par l'environnement".

À la une

Sélectionné pour vous