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Les Etats-Unis alourdissent les taxes sur le bois de construction canadien

Les Etats-Unis ont alourdi un peu plus lundi leurs droits de douane sur le bois de construction canadien, nouvelle escalade dans la guerre commerciale entre les deux voisins, provoquant de vives critiques face aux menaces sur la pérennité des industries forestières au nord de la frontière.

Au terme d'une enquête antidumping préliminaire, le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross a estimé que les forestiers canadiens avaient vendu du bois de construction (appelé également bois d'oeuvre) de 7,72% à 4,59% sous le prix normal.

En conséquence, les douaniers américains vont prélever sur les exportations canadiennes de bois ces taux, ajoutés aux droits compensateurs ("countervailing duties") qui avaient été décidés le 24 avril, soit une taxe totale pouvant aller, en fonction des entreprises canadiennes, de 17,41% à 30,88% du prix.

"Ces taxes sont une gifle à la notion de commerce équitable", a déploré Jerry Dias, président de l'Unifor, principal syndicat canadien.

Le président américain Donald Trump accentue davantage une guerre commerciale avec l'un de ses alliés et principal partenaire.

"Déçus", les ministres canadiens des Ressources naturelles Jim Carr et des Affaires étrangères Chrystia Freeland ont promis de défendre "vigoureusement" leurs forestiers "en intentant des actions s’il le faut" et "obtenir gain de cause comme par le passé".

Maniant à la fois la carotte et le bâton, les Américains ont imposé ces taxes supplémentaires sur les industriels des provinces canadiennes les plus exportatrices de bois de construction et ont décidé, en parallèle, d'épargner trois provinces de la côte atlantique (terre-Neuve-et-Labrador, Nouvelle-Ecosse et l'Ile du Prince-Edouard).

Tout en se disant "optimiste d'arriver à une solution négociée sur le bois de construction", Wilbur Ross a expliqué que ces taxes antidumping avaient pour but de protéger les entreprises américaines.

L'ensemble des importations de bois de construction canadien aux Etats-Unis se sont élevées en 2016 à 5,66 milliards de dollars, a précisé le département du Commerce.

Côté canadien, Susan Yurkovich, présidente du conseil des industries du bois en Colombie-Britannique (ouest), a dénoncé des taxes décidées par "le lobby protectionniste américain du bois pour limiter les importations de bois canadien" afin de vendre leurs produits plus cher aux consommateurs et générer d'importants bénéfices. Les exportations de bois de la Colombie-Britannique sont à 60% destinées au marché de la construction aux Etats-Unis.

"En s'engageant davantage dans la voie du protectionnisme, les États-Unis pénaliseront leur propre économie (...). Les consommateurs et les constructeurs américains devront payer leur bois près de 30% plus cher", a estimé Alexandre Cusson, vice-président de l'Union des municipalités du Québec dont 200 d'entre elles dépendent de l'exploitation forestière.

Le dossier du bois de construction entre Washington et Ottawa a connu de nombreux rebondissements depuis 1983, les producteurs américains accusant leurs homologues canadiens d'en exporter aux Etats-Unis à un prix de dumping, c'est-à-dire inférieur aux coûts de production. La faiblesse du dollar canadien depuis trois ans et l'exploitation de forêts provinciales avec des redevances faibles ou inexistantes donnent un avantage aux producteurs canadiens.

Début juin, le gouvernement canadien avait débloqué une aide de 867 millions de dollars canadiens (572 millions d'euros), sous forme de prêts aux entreprises pour soutenir l'emploi face aux rétorsions américaines.

Pour le syndicat Unifor, cette enveloppe va servir à amortir le choc des tarifs douaniers antidumping "sans être une solution à long terme". Il est nécessaire, pour défendre les emplois, d'arriver à un accord négocié avec les Américains, selon le syndicat.

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