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Les inquiétudes concernant Deutsche Bank en 5 questions

Deutsche Bank, première banque allemande, fait l'objet depuis quelques jours d'une défiance accrue des marchés, qui a connu une aggravation vendredi. Retour sur l'origine de ces inquiétudes.

Comment a évolué l'action Deutsche Bank?

Le désamour des investisseurs pour Deutsche Bank n'est pas nouveau mais s'est encore accentué ces derniers jours. Vendredi, l'action a plongé de plus de 8%, atteignant son plus bas niveau historique (9,90 euros) avant de se reprendre légèrement.

Vers 11H20 GMT, elle baissait encore de 4,41% à 10,40 euros, soit un recul d'environ 9% depuis le début de la semaine.

Depuis le début de l'année, le titre a perdu plus de 50% et la banque a vu s'envoler plus de 16 milliards d'euros de capitalisation boursière. Deutsche Bank vaut actuellement environ 14 milliards d'euros en Bourse, c'est-à-dire moins que Beiersdorf, le fabricant de la crème Nivea qui génère cinq fois moins de chiffre d'affaires.

D'où vient la nervosité des marchés?

La crise actuelle a été déclenchée mi-septembre par la somme record de 14 milliards de dollars réclamée par la justice américaine à la banque allemande pour solder un ancien litige aux Etats-Unis lié à la crise des "subprime".

Le groupe devrait parvenir à faire baisser la facture mais les marchés craignent qu'il ne puisse pas faire face à ses obligations, alors qu'il est confronté au total à environ 8.000 litiges judiciaires dans le monde.

Le nouveau plongeon de l'action vendredi intervient alors que, selon deux sources proches du dossier interrogées par l'AFP, des fonds ont retiré leur argent auprès de Deutsche Bank, signalant les inquiétudes grandissantes quant à la solidité financière de l'institut francfortois.

La forte exposition de la banque aux produits dérivés, ces instruments financiers utilisés pour couvrir les risques liés à la spéculation, inquiète également les investisseurs.

Michael Seufert, analyste de la banque Nord/LB interrogé par l'AFP, juge toutefois que les craintes sont exagérées. "Mais la perte de confiance est telle que même les démentis (de la banque, ndlr) ne parviennent plus à stabiliser le cours de l'action", observe-t-il.

La banque est-elle solide financièrement?

Plombée par les poursuites judiciaires, une très lourde restructuration, un environnement de taux au plus bas et un durcissement de la réglementation bancaire, Deutsche Bank a essuyé l'an dernier une perte de presque 7 milliards d'euros et a dû renoncer à verser un dividende à ses actionnaires, ce qu'elle n'avait pas fait même au plus fort de la crise financière.

Avec plus de 1.600 milliards d'euros à son bilan et 100.000 salariés, Deutsche Bank est un mastodonte aux pieds d'argile.

Les spécialistes estiment que la banque va parvenir à réduire le montant de l'amende américaine liée aux subprimes mais redoutent que les 5,5 milliards mis de côté par l'institut ne suffisent pas à régler l'ensemble des litiges. Une augmentation de capital pourrait être nécessaire, mais la banque s'y refuse pour l'instant.

"Les spéculations sont infondées", a assuré vendredi le patron John Cryan dans une lettre aux salariés. "Dans une telle situation, les réserves de liquidité sont le plus important. Avec (des liquidités) de plus de 215 milliards d'euros, nous disposons toujours d'un bon amortisseur", a-t-il fait valoir.

Pourquoi les autres banques trinquent-elles?

Le secteur financier est suivi à la loupe par les investisseurs, marqués par la crise financière de 2008-2009. Des incertitudes sur un établissement déteignent souvent sur toute la branche.

C'est particulièrement vrai pour Deutsche Bank, vue comme le principal facteur de risque pour le système financier dans son ensemble par le Fonds monétaire international (FMI).

Les marchés redoutent une contagion des problèmes de Deutsche Bank, ce qui pesait vendredi sur toutes les valeurs bancaires.

L'Etat va-t-il aider Deutsche Bank?

A un an des élections législatives en Allemagne, le sujet est très sensible politiquement. Mercredi, John Cryan a choisi le journal le plus lu d'Allemagne, Bild, pour clamer qu'une aide de l'Etat n'était "pas un sujet" pour la banque.

Le ministère des Finances a dû fermement démentir un article évoquant un plan de sauvetage de Berlin pour aider Deutsche Bank en cas de besoin. Reste qu'en cas d'urgence absolue, le gouvernement pourrait difficilement laisser à son sort la plus grande banque du pays.

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