Accueil Actu

Une grève à France Télévisions perturbe l'antenne de franceinfo

Au lendemain d'un vote cinglant des journalistes de France Télévisions contre leur patronne Delphine Ernotte, l'antenne de la chaîne franceinfo était perturbée par une grève au sein du groupe, pour protester contre des coupes budgétaires et une vaste réforme préparée par le gouvernement.

Selon un décompte provisoire, la direction du groupe a recensé 8,97% de grévistes dans la matinée(soit 446 personnes sur 4.972 prévues au planning ce matin-là), selon des chiffres communiqués à l'AFP.

Effet le plus visible du mouvement sur l'antenne, franceinfo n'était plus en mesure de diffuser ses programmes habituels depuis 09H30, et rediffusait d'anciens sujets en boucle.

En revanche, France 2 et France 3 ont pu diffuser normalement leurs JT de la mi-journée, le 13H et le 12/13.

Trois organisations -- CGT, FO et Syndicat national des journalistes (SNJ) -- ont appelé les salariés à cesser le travail pendant 24h ce mercredi "pour l'honneur du service public".

A l'occasion d'un comité central d'entreprise, ils souhaitent mobiliser face à ce qu'ils considèrent comme une "asphyxie de l'entreprise, ainsi qu'un démantèlement partiel".

Mardi, les journalistes du groupe public ont adressé un coup de semonce à leur présidente, Delphine Ernotte, en adoptant à une majorité écrasante (84% des votants, avec un taux de participation de 69%) une motion de défiance à son encontre.

Cependant, Delphine Ernotte a confirmé ce mercredi lors du CCE aux élus du personnel qu'elle ne démissionnerait pas, a rapporté le SNJ.

Sommée par le gouvernement de réduire de 50 millions les dépenses du groupe en 2018, à 2,57 milliards d'euros, la direction du groupe veut supprimer 180 postes équivalent temps plein (ETP) l'an prochain via des non-remplacements de départs à la retraite, dont 30 dans l'information. Ces mesures doivent être adoptées lors d'un conseil d'administration le 21 décembre.

Dans un message envoyé lundi aux salariés, la patronne du groupe avait dit prendre "au sérieux" la motion de défiance mais avait défendu les économies projetées, y compris dans l'information. "Certains chantiers peuvent être difficiles, mais ils sont nécessaires", a-t-elle dit.

Outre les mesures d'économies, les organisateurs de la grève s'inquiètent d'une réforme en profondeur de l'audiovisuel public, que le gouvernement veut lancer l'an prochain.

- "C'est une honte" -

Cet automne, la révélation de "pistes de travail" radicales émanant du ministère de la Culture, évoquant un "rapprochement" entre France Télévisions et Radio France, ainsi qu'entre les réseaux régionaux de France 3 et France Bleu, mais aussi la suppression de France Ô ou le passage de France 4 à une diffusion 100% numérique, a déclenché la colère des syndicats. Ceux-ci craignent un affaiblissement et un démantèlement partiel du service public.

Des propos très sévères du président Emmanuel Macron, tenus la semaine dernière devant des parlementaires, ont encore accru la tension.

"L'audiovisuel public, c'est une honte pour nos concitoyens, c'est une honte en termes de gouvernance, c'est une honte en ce que j'ai pu voir ces dernières semaines de l'attitude des dirigeants", aurait fustigé le chef de l’État selon Télérama. "L'audiovisuel public est la honte de la République", aurait-il dit selon L'Express, propos toutefois démentis par l’Élysée.

Pour Force Ouvrière, ces signaux procèdent "d'une volonté d'instituer un climat anxiogène dans l'entreprise".

Le gouvernement veut aller vite sur cette réforme. Les patrons de l'audiovisuel public doivent présenter des propositions communes à la ministre de la Culture Françoise Nyssen le 21 décembre.

Cette dernière remettra ensuite ses recommandations à l'exécutif en janvier, en vue d'une décision en février ou mars.

Delphine Ernotte, dans son message aux salariés, a insisté sur la nécessité pour le groupe de se "transformer", sans attendre qu'on l'y oblige, "dans un univers qui change face à l'évolution des usages".

Une grève, également pour protester contre les coupes budgétaires, avait déjà perturbé les antennes du groupe le 17 octobre, à l'appel de la CGT, de FO et de la CFDT, qui cette fois ne participe pas au mouvement.

À la une

Sélectionné pour vous