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Avec Air Berlin, Lufthansa grossit encore dans le ciel allemand

La compagnie aérienne allemande Lufthansa a annoncé jeudi s'offrir plus de la moitié des avions et un tiers du personnel d'Air Berlin, son concurrent en déconfiture, renforçant encore sa domination sur le ciel allemand.

Air Berlin, après trois semaines de négociations et l’éviction d'une longue liste de prétendants, avait fixé ce jeudi comme date limite pour répartir ses activités entre ses deux élus, Lufthansa et la compagnie britannique Easyjet.

Easyjet est restée muette sur ses intentions, comme depuis le début de la procédure. Air Berlin assure qu'elle continue à négocier avec le géant du low-cost au logo orange intéressé, selon la presse, par une trentaine d'appareils.

Du côté de Lufthansa, on célèbre en fanfare un "grand jour", selon son patron Carsten Spohr, qui devait officialiser l'opération devant notaire à 12H00 locales (10H00 GMT). Cet arrangement correspond en effet au maximum de ce qu'il espérait: la reprise de 81 avions sur les 144 d'Air Berlin et de 3.000 des 8.500 salariés de la berlinoise.

Le montant du chèque proposé par Lufthansa n'a pas été annoncé, mais la presse allemande évoque un plan d'investissement total d'1,5 milliard d'euros pour cette reprise très critiquée en dehors du pays.

Car Lufthansa est le numéro un allemand avec 34% du marché, quand Air Berlin était le numéro deux, une situation fustigée début septembre par l'irlandais Ryanair, qui s'était retiré de la course en dénonçant un "coup monté" allemand pour privilégier Lufthansa.

- Position de force -

"Nous n'avons jamais nié avoir eu un an pour nous préparer à une éventuelle sortie du marché d'Air Berlin, comme tous nos concurrents qui avaient accès librement au bilan financier (d'Air Berlin)", a rétorqué jeudi le patron de Lufthansa dans les colonnes du quotidien des affaires Handelsblatt.

En terme d'appareils et de créneaux de décollages et atterrissages dans les aéroports allemands, M. Spohr a reconnu être à la limite "de ce que pourront accepter les autorités de la concurrence".

Mais son groupe est déjà assuré de lourdement peser sur les tarifs des billets d'avion allemands, sachant que la plupart des comparateurs proposeront désormais pour les vols locaux le choix entre Lufthansa... et sa filiale à bas coût Eurowings.

"Dans notre industrie, cela fait des années que les prix ne cessent de diminuer et ils sont si bas que les compagnies aériennes" ont "du mal à survivre", a commenté Carsten Spohr auprès du Handelsblatt.

Lufthansa a multiplié la semaine dernière les annonces d’ouvertures ou de renforcement de lignes longs-courriers, un créneau jusque-là principalement occupé par Air Berlin, notamment à destination des Amériques du Nord et centrale.

Les derniers vols Air Berlin, déjà réduits à peau de chagrin, seront définitivement arrêtés à compter du 28 octobre, a prévenu la compagnie. L'autrichienne Niki et LGW, filiales d'Air Berlin non concernées par la procédure d'insolvabilité, pourront, elles, poursuivre leur exploitation.

- Reclassements -

Et ensuite ? La période de transition et de réorganisation des vols au code "AB" vers ceux codés "LH" devrait prendre six à neuf mois, estime Lufthansa, et il faudra prévoir quelques turbulences, notamment pour les passagers munis de billets Air Berlin pour les mois à venir.

Les réservations effectuées après le 15 août pourront être remboursées, mais environ 100.000 clients ayant pris des billets pour des vols longs-courriers ne seront pas ou peu remboursés, a d'ores et déjà averti Air Berlin.

Après deux mois d'une attente éprouvante, le sort des 8.500 salariés d'Air Berlin reste encore incertain. Le 25 septembre, le patron Thomas Winkelmann avait assuré se battre pour "offrir de bonnes perspectives à 80%" du personnel.

Les pilotes d'Air Berlin, qui avaient manifesté leur inquiétude en septembre par une vague coordonnée d'arrêts maladie, vont bénéficier d'une procédure de recrutement prioritaire chez Lufthansa et pourront aussi postuler chez Ryanair, en pleine pénurie de pilotes.

Pour les autres, personnel commercial de maintenance ou stewarts, plusieurs grandes bourses de l'emploi sont organisées cette semaine dans les locaux de l'entreprise insolvable, en partenariat avec les agences d'emploi, les collectivités locales et des multinationales allemandes.

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