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Meuse: Bergère de France placée en redressement judiciaire, 300 emplois menacés

Bergère de France, l'une des dernières filatures industrielles de laine en France qui emploie quelque 300 salariés à Bar-le-Duc (Meuse), a été placée vendredi en redressement judiciaire, sur fond de guerre ouverte entre ses actionnaires, deux frères ennemis.

Le tribunal de commerce de Bar-le-Duc a placé l'entreprise familiale en redressement judiciaire pour une période d'observation de six mois, et a nommé deux administrateurs judiciaires, a-t-on appris de sources concordantes. Un premier bilan d'étape sera dressé lors d'une nouvelle audience le 16 avril.

Jean-Louis Petit, l'actuel PDG de la société et fils du fondateur Robert Petit, est très critiqué par les salariés, qui l'ont hué à son arrivée au tribunal.

"C'est lui qui a coulé la boîte: mauvaise gestion, mauvaise stratégie, mauvaise organisation" a dénoncé Céline Sossi, la secrétaire du comité d'entreprise, interrogée par l'AFP.

"En plus on vient d'apprendre par le tribunal qu'il se faisait 300.000 euros de salaire annuel, alors que nous, les salariés, on ne sait même pas si on va être payés pour le mois de février", s'est-elle indignée.

Fondée en 1946, la société Bergère de France est contrôlée par Bradfer, une holding détenue à 50/50 par Jean-Louis Petit et son frère Daniel Petit, lequel a été écarté de la direction de l'entreprise en 1998.

Daniel Petit vient de lancer une procédure judiciaire par citation directe contre son frère, l'accusant d'avoir "vendu les bijoux de famille pour financer des pertes d'exploitation chroniques" d'une filiale haut de gamme de Bergère de France, Wega, aujourd'hui liquidée, a déclaré à l'AFP l'avocat de Daniel Petit, Me Pierre-Edouard Gondran de Robert.

Le PDG de Bergère de France devra comparaître devant le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc le 19 mai dans le cadre de cette affaire, a précisé l'avocat.

L'avocat de Bergère de France, Me Yves Ehrismann, a dénoncé "une action pour déstabiliser et instrumentaliser tout le monde".

Selon lui, c'est au contraire Daniel Petit qui a bloqué des ventes d'actifs immobiliers d'une autre filiale du groupe, Coditex, aggravant encore la situation financière de Bergère de France, qui se retrouve avec un passif de 3 à 3,5 millions d'euros.

Ce conflit fratricide n'émeut toutefois guère les salariés de la filature. "On ne soutient personne. Leur guerre de frères, on s'en fout complètement, ça fait plus de dix ans que ça dure. Nous ce qu'on veut c'est garder nos emplois", a insisté Céline Sossi, redoutant l'éventuelle prochaine mise en place d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE).

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