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Napoléon de retour sur la plage de Golfe-Juan, prêt à voler jusqu'à Paris

Dressé à l'avant de la chaloupe, bras croisés dans le dos dans une simple redingote grise, Napoléon a glissé dimanche 1er mars vers la plage de Golfe-Juan, accueilli par trois coups de canon faisant frémir les chevaux. "Je suis heureux d'être de retour !", a-t-il lancé à ses troupes et à des milliers de spectateurs ravis de remonter le temps de 200 ans.

Quittant discrètement l'île d'Elbe après dix mois d'exil avec une flottille de sept navires, l'Empereur arrivait ce même jour de 1815 d'une traversée de trois jours, sans être repéré par les navires anglais, et débarquait sur cette plage déserte avec 1.200 hommes.

Deux cents ans plus tard, la reconstitution par quelque 200 passionnés de l'épopée napoléonienne est plus modeste, mais menée tambour battant.

Son double, Frank Samson, un avocat parisien qui campe son personnage depuis dix ans, avait confié à l'AFP peu avant l'accostage qu'il n'était pas inquiet : "je sais qu'il y a trois cabanes de pêcheurs , mon cabinet noir se renseigne".

On dit qu'à l'époque l'Empereur débarqua sur les épaules d'un marin. Légère entorse à la chronique historique, il est arrivé dimanche à pied sur un ponton, attendu par le fidèle général Bertrand, grand maréchal des logis, en costume rouge amarante et broderies argent, coiffé d'un bicorne à plumes d'autruche.

Non loin, sur la plage, son épouse arborait un décolleté vertigineux à faire rougir les grognards, qui ont remplacé les cocardes blanches de leurs chapeaux par des cocardes tricolores.

"La victoire marchera au pas de charge, l'aigle, avec les couleurs nationales, volera de clocher en clocher, jusqu'aux tours de Notre-Dame", proclame Napoléon à son armée, qui l'acclame. "Vous serez des libérateurs de la patrie !".

L'Empereur pince l'oreille de quelques soldats, remet des "croix" de la Légion d'honneur qu'il a créée.

- Fier d'incarner un personnage de l'Histoire de France -

Et il dépêche vers la bourgade de Cannes le général Cambronne, qui ne résiste pas dimanche à l'envie de prononcer sa plus célèbre parole. En réalité, "il a dit +merde à Waterloo+", rappelle en aparté, Jean-Luc, décorateur-fresquiste, "fier d'incarner un personnage de l'Histoire de France".

Un premier bivouac de quelques heures est installé sur la plage, selon le règlement de l'époque, avec des tentes alignées sur deux lignes, des bottes de paille en guise de matelas.

Elisabeth de la Boulangère, cantinière dévouée, a assisté au départ de Napoléon de l'Ile d'Elbe quelques jours auparavant. "C'était bien reconstitué", dit Laura, qui l'incarne, une experte italienne de Marengo (Piémont), site d'une célèbre bataille napoléonienne de 1800.

"Pour nous, c'est important le bicentenaire", souligne Laura, qui a tout de même un petit faible pour les reconstitutions de batailles. "En principe les femmes étaient interdites, mais il y en avait toujours. Elles étaient soit des nobles déchues, soit des femmes de soldats, soit des filles de petites vertu... ce qui n'est pas mon cas", s'empresse-t-elle de préciser.

Un capitaine et quelques hommes furent envoyés à l'époque à Antibes pour procéder au ralliement de la garnison, mais elle restera loyale à Louis XVIII. Après quelques heures d'attente, Napoléon et sa troupe partirent passer une courte nuit à Cannes (3.000 habitants à l'époque).

Dimanche à Golfe-Juan, Napoléon est monté sur un pur sang gris avec des garnitures cramoisies pour prendre la route de Cannes. A l'aube, il partira pour Mougins, puis Grasse et la route des Alpes jusqu'à Grenoble.

Première étape avant de rejoindre Paris le 20 mars pour reprendre le pouvoir aux royalistes et aller vers son ultime défaite à Waterloo le 18 juin. Un cuirassier se reposant sur la plage de Golfe-Juan piaffe d'impatience avant cette reconstitution phare de l'année : "j'ai hâte d'être dans le chaudron !".

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