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Nissan se dit "inquiet" du poids accru de l'Etat français chez Renault

Le constructeur d'automobiles japonais Nissan s'est dit lundi "inquiet" de la récente montée de l'Etat français au sein du capital de son partenaire Renault, tout en refusant de commenter les rumeurs de projets de "rééquilibrage" de l'alliance.

"L'Etat français a désormais un poids plus important, du point de vue de Renault c'est un problème important et pour nous, Nissan, c'est un motif d'inquiétude", a déclaré Hiroto Saikawa, directeur de la compétitivité, à l'occasion de la conférence de présentation des résultats semestriels du groupe.

"Nous avons déjà fait part de nos inquiétudes directement à l'Etat français", ainsi qu'au gouvernement japonais "qui comprend" notre position, a-t-il ajouté.

Le responsable de Nissan a assuré que, loin de vouloir déstabiliser Renault, comme le craint le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, les discussions en cours visaient à "préserver l'autonomie de Renault".

"A cet égard, nous sommes complètement en ligne avec le conseil d'administration de Renault", a assuré M. Saikawa, l'un des bras droits du PDG de Nissan Carlos Ghosn, qui dirige également Renault.

Il n'a pas souhaité s'exprimer sur la teneur des discussions. "Nous allons continuer à travailler", y compris avec l'Etat français, pour "parvenir à une solution constructive", "mais nous n'en sommes pas encore à ce stade", a-t-il conclu.

M. Ghosn avait réaffirmé la semaine dernière l'importance de l'alliance Renault-Nissan, née en 1999. "S'il y a une priorité pour tout le monde, c'est bien de sauvegarder cette alliance", avait-il assuré à l'AFP.

Les deux parties sont liées par des participations croisées: Renault détient 43,4% de Nissan, et ce dernier 15% du français.

Cependant, au titre de règles sur "l'autocontrôle", une société en contrôle une autre lorsqu'elle détient au moins 40% de ses parts, empêchant l'autre société, en l'occurrence Nissan, de voter à l'assemblée générale des actionnaires de Renault.

De son côté, l'Etat est monté au printemps à 19,7% du capital du groupe au Losange, une offensive qui a bouleversé le subtil équilibre entre les deux partenaires et qui n'a pas été du goût de Carlos Ghosn.

Ces dernières semaines, les rumeurs ont enflé sur la possibilité que Renault passe sous la barre des 40% de Nissan, afin de débloquer les droits de vote du japonais chez Renault, voire que Nissan monte au capital de son partenaire pour contrer l'influence de l'Etat.

Renault, qui a refusé de s'exprimer lundi sur ces derniers développements, a estimé lundi soir que le résultat annoncé plus tôt par Nissan allait se traduire "dans le résultat net du deuxième semestre 2015 de Renault par une contribution positive estimée à 524 millions d'euros".

Lors de la présentation de ses résultats annuels pour 2014 en février, Renault avait indiqué que son partenaire japonais avait contribué à son bilan à hauteur de 1,36 milliard d'euros.

Un chiffre à mettre en parallèle avec le bénéfice net part du groupe de la firme au losange, qui s'était établi à 1,89 milliard d'euros.

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