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Nouvelle perte pour CMA CGM, pris dans la tempête du fret maritime

L'armateur français CMA CGM, numéro trois mondial du transport maritime par conteneur, a essuyé une deuxième perte trimestrielle consécutive et va réduire ses investissements pour faire face à la crise de surcapacité du secteur.

Dans les remous d'un marché surchargé, CMA CGM prend l'eau comme ses concurrents: le groupe a annoncé vendredi avoir enregistré une perte de 128 millions de dollars au deuxième trimestre, contre un bénéfice de 156 millions un an plus tôt.

De janvier à juin, l'armateur marseillais a perdu 228 millions de dollars, alors qu'il nageait encore dans les profits l'an dernier, avec un bénéfice de 562 millions à la même période.

"Nous constatons la persistance d'un contexte de marché difficile", explique sobrement le vice-président Rodolphe Saadé dans un communiqué.

En effet, les prix du fret maritime ont plongé: le revenu moyen par conteneur EVP (équivalent vingt pieds) a diminué de presque 19% entre les printemps 2015 et 2016.

La tendance est la même pour tout le secteur: le danois Maersk Line, numéro un mondial, a perdu 151 millions de dollars au printemps à cause de tarifs en chute de 24% sur un an ; l'allemand Hapag-Llyod, nouveau numéro cinq, a vu ses prix décliner de 20%, entraînant une perte de 158 millions au deuxième trimestre.

CMA CGM a pourtant essayé de limiter les dégâts. Le rachat de Neptune Orient Lines (NOL), opérateur historique de la cité-Etat de Singapour, a permis au groupe d'afficher une hausse de 6% des volumes transportés (3,5 millions d'EVP) et donc d'atténuer la baisse de son chiffre d'affaires trimestriel, en recul de 14% à 3,5 milliards de dollars.

L'armateur français a aussi réduit ses coûts unitaires de plus de 10% "grâce à l'effet conjugué de la baisse des prix du fuel et à la gestion rigoureuse des dépenses".

Mais ces efforts n'ont pas empêché la marge opérationnelle de basculer dans le rouge, à -2,3% du chiffre d'affaires contre +7,9% l'an dernier.

- mesures drastiques -

Au creux de la vague, CMA CGM se veut "mobilisé pour améliorer la performance opérationnelle", affirme M. Saadé.

Le groupe a ainsi lancé le 1er juillet son plan d'économies d'un milliard de dollars en 18 mois, annoncé en mai.

Baptisée "Agility", cette feuille de route inclut en outre le "programme de synergies et de rationalisation" de NOL, dont l'acquisition totale sera prochainement bouclée

Mais ces mesures ne suffiront pas à surmonter la crise du fret maritime, loin d'être achevée comme l'illustre la faillite retentissante de l'armateur coréen Hanjin Shipping.

Submergé par une dette de plus de 5 milliards de dollars, lâche par ses créanciers, le numéro sept mondial a dû demander son placement en redressement judiciaire mercredi, jetant un pavé dans le commerce transpacifique.

Un tiers de ses 144 navires est depuis coincé en mer ou immobilisé à quai, faisant craindre des retards massifs de livraison aux Etats-Unis, où se prépare déjà la saison faste des fêtes de fin d'année.

CMA CGM, qui partageait cinq lignes maritimes avec Hanjin, a "activé un plan d'urgence" le jour même et assuré à ses clients qu'il veillera à "garantir une continuité de service sans faille".

Ce naufrage au pays du matin calme a toutefois valeur d'avertissement pour les géants du secteur, pas non plus à l'abri des écueils.

Pris dans la tempête, "CMA CGM prend acte des difficultés du secteur" et ajoute à son plan "Agility" d'autres décisions drastiques.

Le groupe indique avoir "décalé la livraison de certains navires à 2017 et réduit son programme d'investissement", dans des proportions non spécifiées.

Pour relancer son activité, l'armateur compte sur son accord avec les chinois Cosco, Evergreen et OOCL. Plus grand partenariat jamais conclu dans le secteur, "Ocean Alliance" leur permettra de partager 350 porte-conteneurs sur 40 lignes à partir d'avril 2017.

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