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Pétrole: l'AIE douche les espoirs d'une remontée des prix

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a battu en brèche mardi les espoirs d'une remontée des prix du pétrole à court terme, confirmant que le monde devrait rester submergé d'or noir face à une demande fragile.

"Dans ces conditions, le risque de baisse à court terme s'est accentué", a estimé l'AIE dans son rapport mensuel de février, évoquant également un accroissement probable des stocks.

Le bras énergétique de l'OCDE a démonté un par un les facteurs d'optimisme qui avaient permis aux cours du pétrole de reprendre un peu de couleurs ces derniers jours, et de repasser au-dessus de la barre des 30 dollars le baril, après leur chute autour de 27 dollars en janvier, un point bas en près de 13 ans.

Ainsi, a estimé l'agence basée à Paris, mieux vaut ne pas compter sur une baisse concertée de l'offre entre les principaux producteurs, membres ou non de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), pour voir les prix remonter.

"La spéculation continuelle sur un accord entre l'Opep et les principaux producteurs non-Opep en vue de réduire la production n'est rien d'autre que de la spéculation", a-t-elle prévenu: "la probabilité d'une réduction concertée est très faible".

Au contraire, l'Opep devrait continuer à pomper vigoureusement cette année, accentuant l'excès d'offre. Iran, Irak et Arabie saoudite en tête, le cartel pétrolier a extrait 32,63 millions de barils par jour (mbj) en janvier, ce qui représente une hausse de 280.000 barils par jour par rapport au mois précédent et de près de 1,7 mbj sur un an.

En tout, la production mondiale s'est certes repliée de 200.000 bj le mois dernier, à 96,5 mbj, affectée par la baisse de la production hors Opep qui devrait décliner de 600.000 bj en 2016 à 57,1 mbj.

- Consommation en perte de vitesse -

Pour autant, il est prématuré de tabler sur une reprise des cours du fait d'une forte chute de la production américaine de pétrole de schiste: "il se peut qu'elle continue encore à résister", a souligné l'AIE, qui représente les pays consommateurs d'or noir.

Face à ce surplus d'offre, la croissance de la demande mondiale d'or noir va perdre en vigueur, affectée par des ralentissements en Europe, en Chine et aux Etats-Unis.

Selon l'AIE, la consommation devrait croître de 1,2 mbj cette année à 95,6 mbj, en légère diminution par rapport aux 95,7 mbj anticipés dans son précédent rapport et notablement moins que la hausse de 1,6 mbj enregistrée en 2015, un plus haut en cinq ans.

Elle pourrait être encore davantage mise sous pression par la morosité économique, alors que le maintien du dollar à un niveau fort ne devrait pas rendre les importations de pétrole meilleur marché dans les autres devises, un facteur susceptible d'alimenter la demande.

Dans ce contexte, les stocks de brut devraient continuer d'augmenter. En décembre, ils se sont accrus de 7,6 millions de barils à 3 milliards de barils, alors qu'ils ont d'habitude tendance à baisser en cette période.

Même en cas de stabilité de la production de l'Opep au premier trimestre, la hausse des stocks devrait atteindre 2 mbj durant les trois premiers mois de l'année, puis de 1,5 mbj au deuxième trimestre.

"Les données relatives à l'offre et à la demande durant la seconde moitié de l'année suggèrent un accroissement supplémentaire des stocks, cette fois de 300.000 bj", a indiqué l'AIE.

"Si ces chiffres se révèlent corrects, il est très difficile de voir comment les prix du pétrole pourraient remonter significativement à court terme dans un marché déjà submergé de pétrole", a-t-elle conclu.

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