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Pétrole: des divergences au sein de l'Opep douchent les espoirs d'un consensus pour geler la production

Les principaux pays producteurs de pétrole affichaient ouvertement leurs divergences mardi à Alger, douchant les espoirs d'un accord sur un gel de leur production lors d'une réunion informelle de l'Opep prévue le lendemain dans la capitale algérienne pour soutenir des prix anémiques.

Réunis à Alger à l'occasion d'un forum énergétique international, les pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) vont se réunir de manière informelle mercredi après-midi pour tenter de trouver un moyen de faire remonter le prix du baril, bas depuis mi-2014.

Mais comme anticipé, de fortes divergences de vues notamment entre l'Iran et l'Arabie saoudite, deux grandes puissances rivales du Moyen-Orient, risquent de bloquer un accord, comme cela avait déjà été le cas à Doha en avril.

"Atteindre un accord en deux jours ne figure pas sur notre agenda", a déclaré le ministre iranien du pétrole Bijan Namdar Zanganeh.

"Nous avons besoin de temps pour de plus amples consultations", a-t-il dit avant d'ajouter qu'un accord pourrait éventuellement être trouvé lors de la réunion de l'Opep le 30 novembre à Vienne.

L'Iran a répété vouloir avant tout rétablir ses niveaux de production antérieurs aux sanctions internationales liées à son programme nucléaire, et levées depuis janvier.

"Nous ne sommes pas prêts" à geler notre production, a-t-il dit, affirmant que leur objectif de production était de 4 millions de barils par jour (mbj), contre de 3,6 à 3,8 mbj actuellement selon les sources.

Les prix du pétrole ont été divisés par plus de deux depuis la mi-2014 en raison d'une offre excédentaire, fruit du boom des hydrocarbures de schiste américains et de la stratégie de l'Opep d'ouvrir à fond les robinets pour maintenir ses parts de marché.

Plusieurs pays producteurs fortement dépendants des revenus pétroliers plaident pour un gel de production, mais certains gros producteurs s'y opposent, comme l'Iran.

Ryad a lui proposé de revenir à sa production du mois de janvier, soit une baisse de 500.000 bj à la condition, selon Bloomberg, que Téhéran gèle la sienne.

La possibilité d'un consensus s'est lézardée un peu plus après les déclarations du Nigeria, géant pétrolier d'Afrique, qui a dit souhaiter être exonéré d'un éventuel gel de la production en cas d'accord. "Nous avons besoin d'argent", a plaidé Emmanuel Ibe Kachikwu, le secrétaire d'Etat nigérian pour le Pétrole.

- Déception -

"Un seul pays ne peut pas influer sur le marché", a réagi le ministre saoudien Khaled al-Faleh aux déclarations de son homologue iranien.

Il a aussi soufflé le chaud et le froid sur cette réunion d'Alger.

Il a d'une part affirmé que son pays n'avait pas réellement besoin d'un accord. "Je demeure optimiste sur la base des fondamentaux du marché qui prennent la bonne direction", a-t-il dit, sous-entendant que le marché était sur la voie d'un rééquilibrage, même si ce processus était un peu plus long que prévu.

Mais il a ajouté être optimiste "aussi sur le fait que les producteurs parviendront à une vision commune".

"Ce qu'a dit la République islamique d'Iran mais aussi les autres pays membres (de l'Opep) fait entièrement partie des négociations", a voulu temporiser le secrétaire général du cartel, le Nigérian Mohammed Barkindo.

Ces prises de position ont déçu et entraîné une nette baisse du pétrole, même si elles n'ont pas surpris, la plupart des experts jugeant peu probable qu'Alger soit le théâtre d'un consensus.

"L'espoir qu'un gel de production de brut pourra être atteint à Alger cette semaine est déçu, après que l'Arabie saoudite s'est jointe à l'Iran pour avertir que ces discussions n'étaient que consultatives", a expliqué Neil Wilson, d'ETX Capital.

L'autre grand exportateur de pétrole, la Russie, a dit être prête à consentir un effort pour réduire sa production, aujourd'hui à son maximum, si un consensus était d'abord atteint au sein du cartel dont elle ne fait par partie.

"Il revient à l'Opep de trouver un terrain d'entente", a déclaré mardi soir le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak. "Nous sommes plutôt flexibles et nous serons prêts à rejoindre une action commune".

De son côté, le ministre irakien du Pétrole, Jabbar Ali Hussein al-Louaïbi, a déclaré attendre "des résultats positifs" de la réunion d'Alger, tout comme les Emirats arabes unis, le Koweït et le Venezuela.

"Nous travaillons sur plusieurs alternatives", a déclaré pour sa part le ministre vénézuélien du Pétrole, Eulogio del Pino. "Donnez-nous du temps pour travailler à un consensus".

"Nous travaillons à stabiliser le marché", a commenté laconiquement le ministre algérien de l'Energie, Noureddine Boutarfa, qui tente de rapprocher les points de vue entre les membres de l'Opep.

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