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Première discussion directe mercredi entre Uber et les représentants VTC

Après des mois de tensions, des manifestations et une médiation, l'intersyndicale VTC a rendez-vous mercredi avec Uber pour lancer un dispositif de soutien aux chauffeurs en difficulté, un "premier pas" qu'elle entend transformer en "négociation" sur les tarifs, au cœur du conflit.

Cette réunion marquera-t-elle le début d'une ère? Ou bien la continuation d'un dialogue de sourds? Au regard des échanges de courriers des derniers jours entre Uber et les organisations de chauffeurs, la deuxième hypothèse semblait la plus probable.

Les syndicats et associations de VTC (voiture de transport avec chauffeur) ont prévenu Uber qu'ils allaient "utiliser" ce rendez-vous, dont le lieu n'est pas encore arrêté, pour aborder "les questions restées sans réponses". "Ce sera une négociation", disent Fred Gnaore (UDCF) et Yazid Sekhri (CFDT).

Si Uber a proposé un dispositif pour aider ses chauffeurs partenaires en difficulté, "c'est bien qu'il y a un problème", "c'est déjà une avancée", explique M. Gnaore. Il y voit "une commission pilote pour le secteur" du fait du poids prédominant d'Uber.

Inlassablement, associations et syndicats de VTC dénoncent la dégradation des revenus des chauffeurs, très faibles au regard du volume d'heures travaillées, accusant Uber d'être responsable de leur "paupérisation".

Depuis l'automne 2015, l'entreprise a baissé les tarifs des courses et augmenté à 25% sa commission. Mais elle affirme que la hausse du nombre de courses a permis d'améliorer la "rentabilité horaire" des chauffeurs.

A l'issue de la médiation menée en janvier à la demande du gouvernement, qui a temporairement apaisé le conflit, l'intersyndicale (Unsa, CFDT, Capa-VTC, Actif-VTC, UDCF) a demandé à toutes les plateformes d'engager très rapidement des "négociations" sur divers sujets, à commencer par le niveau des tarifs, préoccupation principale des chauffeurs.

- Aide transitoire -

Outre Uber, les plateformes Chauffeur privé, LeCab et Marcel ont formellement répondu. Mais dans sa réponse, l'application américaine n'aborde pas la question tarifaire.

Le numéro un du marché français de mise en relation électronique entre clients et VTC évoque seulement le lancement d'une procédure d'appel en cas de déconnexion à la suite de retours négatifs de clients, et l'installation mercredi d'une "commission de soutien aux chauffeurs en difficulté".

Interrogé par l'AFP, le porte-parole du groupe, Grégoire Kopp, a néanmoins assuré que "si les représentants de chauffeurs présents souhaitent aborder d'autres points, ils le pourront bien évidemment. Uber est disposé à parler de tous les sujets".

Pour autant, la plateforme n'entend pas relever ses tarifs. "Notre politique tarifaire n'est pas en cause", assure M. Kopp lundi dans une interview à Libération. En "gérant mieux leurs charges", les chauffeurs pourraient économiser 1.250 euros par mois, dit-il.

Uber propose donc d'aider les chauffeurs à diminuer leurs charges. Pour ceux qui n'arriveraient pas à "un niveau de rentabilité suffisant" en étant connectés au moins 40 heures par semaine, une aide transitoire sera attribuée "au cas par cas", précise-t-il à l'AFP, sans la chiffrer ni reprendre le chiffre d'affaires de 21 euros brut horaire cité par le médiateur dans son rapport.

Ce dernier a calculé que pour dégager un revenu net mensuel d'environ 1.700 euros, hors congés et couverture maladie ou accident, un chauffeur indépendant doit travailler 60 heures par semaine et savoir maîtriser ses charges. Un chauffeur roulant 40 heures ne peut pas vivre de son activité.

Si malgré les promesses d'agir des plateformes, "des situations de déséquilibre financier" persistaient, le médiateur Jacques Rapoport a recommandé à l'Etat d'être "prêt à fixer un tarif minimal payé par les plateformes aux chauffeurs", c'est-à-dire un barème horokilométrique minimal, comme pour les taxis.

Pour la CFDT, "Uber a tout intérêt à saisir la main tendue". A défaut de "véritables" négociations, le syndicat menace d'engager à son tour des procédures pour requalifier les chauffeurs en salariés. Une épée de Damoclès pour le groupe, visé déjà par des poursuites de l'Urssaf.

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