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Publicité numérique: Altice rachète la pépite française Teads

En s'offrant la place de marché de vidéos publicitaires Teads, Altice met un pied dans la publicité ultra-ciblée, afin de créer des synergies de revenus avec ses activités télécoms et médias, par la mise en commun des données.

"Il s'agit d'une étape importante pour Altice, comme pour Teads, dans notre volonté de bâtir une grande plateforme convergente entre les télécoms, les contenus et la publicité" s'est félicité le directeur général du groupe, Michel Combes, lors d'une conférence de presse mardi à Paris.

Teads propose un format innovant de publicité vidéo, prisée par les sites des plus grands médias mondiaux, grâce à une technologie qui permet d'intercaler des pubs vidéos au sein des articles en ligne des médias numériques.

Le rachat par Altice est une surprise: la jeune pousse était, selon des informations de presse, en négociations avec News Corp, de l'homme d'affaires australo-américain Rupert Murdoch.

L'accord d'acquisition signé avec le groupe du magnat franco-israélien Patrick Drahi valorise la pépite française - fondée il y a une dizaine d'années - jusqu'à 285 millions d'euros sur une base nette de trésorerie et de dette.

Cette opération "est la possibilité de réaliser la vision qui était déjà la nôtre de fournir une alternative puissance à Google et Facebook, grâce aux moyens d'Altice, dans la publicité multi-écrans ultra-ciblée", a déclaré Pierre Chappaz, le directeur exécutif de Teads.

- "Intelligent" -

"C'est une acquisition très intéressante, qui vient s'intercaler précisément dans tout l'assemblage (d'Altice), c'est très intelligent", a commenté pour l'AFP Stéphane Dubreuil, président de Stallych Consulting.

"Altice dispose désormais d'un outil identique à ce que proposent les +GAFA+ (Google, Amazon, Facebook, Apple, NDLR) mais c'est une acquisition à la fois technologique et managériale, puisqu'elle permet de placer Pierre Chappaz à la tête de la régie publicité du groupe, c'est une vraie vision", analyse M. Dubreuil.

Altice entend aussi profiter du poids de Teads en France et aux Etats-Unis.

Et il souligne la "combinaison d'actifs hautement complémentaires de Teads et Altice" dans ce rachat qui devrait "générer immédiatement des bénéfices sur le plan commercial et financier" pour son activité publicitaire.

"Ce qu'on va proposer, c'est mettre au profit de tous les médias une infrastructure commune avec les données abonnés de SFR et celles de Teads, libre ensuite aux (autres) médias d'apporter également les leurs, pourquoi pas contre rémunération", a détaillé pour l'AFP M. Chappaz.

L'objectif affirmé par Teads, selon Pierre Chappaz est de "construire un écosystème vertueux pour tous les médias et ce que l'on va faire avec la télé connectée et le multi-écrans peut y contribuer".

- Un prix conditionné -

La transaction devrait être conclue à la mi-2017. Selon les termes de l'accord, le prix reste conditionné à l'atteinte par Teads de certains objectifs de croissance en 2017. Les trois quarts (75%) du prix d'acquisition seront réglés lors de la signature finale.

Créée en 2005 par Pierre Chappaz et Bertrand Quesada (PDG), l'entreprise Teads s'est repositionnée pour se concentrer exclusivement sur la vidéo publicitaire après l'entrée à son capital de la société d'investissement européenne Gimv en 2011.

L'équipe de direction de Teads restera en place, Pierre Chappaz devenant membre du conseil d'administration d'Altice responsable de toutes les activités publicitaires.

Avec un chiffre d'affaires qui a bondi de 44% en 2016 pour atteindre 187,7 millions d'euros, Teads revendique 1,2 milliard de visiteurs uniques par mois, dont 720 millions sur mobile.

Elle compte parmi ses clients The Washington Post, Time Inc., Conde Nast, ou encore The Daily Mail, The Telegraph, Der Spiegel, Axel Springer, Le Monde, Le Figaro etc...

Présente dans 21 pays, Teads, numéro un mondial de la vidéo publicitaire selon le classement de ComScore, compte plus de 500 collaborateurs.

Le groupe Altice, qui avait fait une pause dans ses acquisitions ces derniers mois, affichait à la fin décembre une dette nette de 50,36 milliards d'euros.

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