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Quand les entreprises belges délocalisent en Inde (1/5): "Sanoma magazines licencie de plus en plus"

Délocaliser ses services IT et comptabilité vers l’Inde est une pratique de plus en plus courante dans toutes les entreprises occidentales, et la Belgique n’est pas épargnée. Pour entamer ce dossier RTLinfo.be consacré à ce phénomène, voyons ce qui vient de se passer en 2015 chez Sanoma, une société active dans la presse basée à Malines.

Sanoma Belgique est une société connue pour ses titres de presse comme Flair, Gael, Marie-Claire ou Femmes d’Aujourd’hui. Elle est en pleine restructuration. En novembre dernier, elle a d’ailleurs revendu ses magazines Moustique et Télé Pocket à L'Avenir Hebdo, une filiale de Nethys, qui fait partie du groupe Tecteo.


"On se retrouve sans emploi"

Il y a quelques semaines, un message, anonyme, est parvenu à la rédaction de RTLinfo.be via notre page Alertez-nous : "Sanoma magazines licencie de plus en plus. Les départements comptabilité et informatique sont délocalisés en Inde. A la comptabilité, 16 personnes sont licenciées et en plus, on nous demande d’être motivés pour former les Indiens ! Que fait le gouvernement contre la délocalisation ? Maintenant, on se retrouve sans emploi."

S’il fut impossible de joindre le dénonciateur, l’histoire semblait plausible. En effet, le recours à des sous-traitants indiens pour ce type de services est une pratique de plus en plus courante, et nous le verrons tout au long de ce dossier.


Le résultat d'une fusion entre Belgique et Pays-Bas

Contactée pour en savoir plus, Sofie Deleu, la porte-parole de Sanoma Belgique, s’est montrée étonnée. Car les restructurations annoncées dans le message "sont des informations qui datent du mois de mars et mai". Elles s’inscrivent en réalité dans le cadre de la fusion qui a eu lieu entre Sanoma Belgique et Sanoma Pays-Bas, décidée en décembre 2014. Cette nouvelle structure binationale permet à la société de réaliser "des économies d’échelle", avec pour objectif "une possibilité de croissance". 

Cette fusion a impacté le travail de deux services : finances et technologie. La façon dont ces deux départements travaillaient en Belgique a été adaptée, non seulement en fonction de la nouvelle structure belgo-néerlandaise, mais aussi en fonction de la politique de la maison mère. Sanoma est en effet un groupe finlandais, actif en Finlande, aux Pays-Bas et chez nous dans l’édition de titres de presse.


6 licenciements et non 16

"On a toujours communiqué ces changements de manière très transparente envers nos collaborateurs", insiste la porte-parole. Ceux-ci ont appris rapidement que des licenciements étaient prévus. "Au niveau du service technologie, 6 postes ont disparu sur une période de 12 mois en raison de cette intégration" au groupe belgo-néerlandais. Mais "les personnes impactées ont été guidées pour trouver un autre travail ailleurs ou d’autres postes au sein même de Sanoma", explique Sofie Deleu.

Quant au service financier, "l’histoire est différente". Là, "quatre postes ont été ouverts. En juin, les travailleurs actuels du service pouvaient postuler pour ces nouveaux rôles. S’ils ne voulaient pas, ils étaient libres de partir de Sanoma. Il n’y a donc pas eu de licenciements au département finances."


Les Belges "collaborent" désormais avec l'Inde

Mais quid finalement de cette "délocalisation" vers l’Inde ? "La collaboration avec l’Inde ne concerne que les services financiers", précise Sofie Deleu. Mais il s’agit bien d’une nouveauté pour les travailleurs belges de Sanoma. La maison mère finlandaise travaillait en effet déjà avec une société indienne pour ses services financiers tels que sa comptabilité. Depuis la fusion, "nos équipes à Sanoma Belgique travaillent ensemble avec leurs homologues indiens." Une collaboration nouvelle que certains travailleurs considèrent donc comme de la formation, si on en croit le message anonyme qui nous est parvenu.


Pourquoi n'avoir jamais utilisé le mot "délocalisation"?

Durant tout notre entretien avec la porte-parole, celle-ci n’a jamais utilisé le mot "délocalisation". Il y a deux raisons à cela.

Premièrement, Sanoma Belgique n’a pas à proprement parler délocalisé ses services. Elle les a restructurés et profite désormais d’une structure internationale déjà mise en place par le groupe. Par contre, le groupe Sanoma, lui, a bien pratiqué une forme de délocalisation en collaborant avec une entreprise indienne. Il s’agit d’outsourcing offshore, ou externalisation à l’étranger en français.

Deuxièmement, le terme "délocalisation" a désormais une connotation péjorative. Au fil du temps, le terme a évolué et la pratique a pris des formes diverses qui ont chacune leur nom. Dans le second article de ce dossier Quand les entreprises belges délocalisent en Inde, qui paraitra demain sur RTLinfo.be, nous verrons justement ce qui peut être considéré comme de la délocalisation.

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