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Représentativité: le Medef reste la première organisation patronale

Pas de grand bouleversement en vue: le Medef reste la première organisation patronale en France, suivi par la CPME puis l'U2P, à l'issue de la toute première mesure de l'audience patronale réalisée par le ministère du Travail.

Bien qu'elle soit à la traîne en nombre d'entreprises adhérentes, l'organisation dirigée par Pierre Gattaz arrive en tête aussi bien en ce qui concerne la répartition des crédits du fonds paritaire national que celle des voix au sein du conseil d'administration de ce fonds, selon les chiffres dévoilés mercredi par la Direction générale du travail.

Ces derniers prennent en compte les nouvelles règles de calcul de la représentativité patronale, et gravent dans le marbre le rapport de force entre les trois organisations au niveau national et inter-professionnel pour les quatre ans à venir.

Les résultats de cette première pesée dans l'histoire du patronat étaient très attendus par les organisations professionnelles, qui se sont livrées pendant de longs mois à une lutte féroce afin de défendre leur pré carré.

"Le paysage patronal français n'est donc pas bouleversé par cette première mesure de la représentativité patronale", reconnaît, dans un communiqué, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), qui se félicite d'avoir "confirmé" sa deuxième place.

Dans le détail, les chiffres de la DGT révèlent que les trois organisations patronales avaient jusqu'à présent largement surévalué leur nombre d'adhérents.

Le Medef compte ainsi 123.387 entreprises adhérentes, contre 144.939 pour la CPME et 150.605 pour l'Union des entreprises de proximité (U2P), née récemment du rapprochement entre les artisans et les professions libérales - une opération destinée à peser plus lourd sur la scène patronale.

Jusqu'alors, le Medef revendiquait 750.000 entreprises adhérentes, la CPME entre 400.000 et 500.000. L'U2P assurait pour sa part que son champ de représentation couvrait 2,3 millions d'entreprises, soit deux entreprises françaises sur trois.

En revanche, en ce qui concerne le nombre de salariés, le Medef est nettement en tête, avec 8,52 millions de salariés, devant la CPME (3 millions) et l'U2P (507.000), selon les chiffres de la DGT.

- "Résultats objectifs" -

Jamais auparavant l'audience patronale n'avait été mesurée selon des critères précis et les organisations professionnelles s'appuyaient sur le nombre total d'entreprises raccrochées à une convention collective, qu'elles soient syndiquées ou non, pour témoigner de leur importance.

Mais la loi du 5 mars 2015, puis la loi travail, ont instauré un cadre juridique pour déterminer la représentativité de chaque syndicat d'employeurs, mesurée à partir du seul nombre d'entreprises versant une cotisation.

Si le rapport de force ne change pas au final, "il n'en reste pas moins que vous avez maintenant des résultats objectifs", a souligné, lors d'une conférence de presse, Yves Struillou, Directeur général du travail.

"Le système était jusque là auto-déclaratif, il repose maintenant sur un système complet de vérification au regard de deux critères", a-t-il indiqué.

De cette mesure dépend la répartition des sièges dans les instances paritaires, comme l'Unedic ou l'Agirc-Arrco, mais aussi celle des subventions du fonds paritaire national.

Selon les nouvelles règles, pour les mandats dans le fonds paritaire national, le nombre d'entreprises adhérentes est pris en compte à hauteur de 30% et celui du nombre de salariés à 70%; pour les crédits alloués, les deux critères sont pondérés à hauteur de 50%.

Dans un communiqué, l'U2P, qui souligne être la "première force patronale française en nombre d'entreprises", regrette que son poids soit "sous-évalué dans la gouvernance des organismes paritaires", le système de mesure de l'audience privilégiant les effectifs salariés par rapport au nombre d'entreprises.

"Si la loi (du 5 mars 2014 qui fondait la représentativité sur le nombre d'entreprises adhérentes, ndlr) n'avait pas été modifiée, on serait la première organisation patronale", a déclaré à l'AFP Alain Griset, président de l'U2P.

"Il paraît assez évident, quand vous gérez paritairement des régimes comme l'Unedic ou comme la retraite Agirc-Arrco qu'il faut prendre en compte le poids des salariés qu'on représente. Le dialogue social, ce n'est pas un dialogue social dans l'abstrait", a rétorqué Michel Guilbaud, directeur général du Medef, interrogé par l'AFP.

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