Accueil Actu

Sécurité routière: la "communauté" cycliste, unie, défend sa place sur la route

Cyclistes professionnels, sportifs du dimanche, simples usagers... Depuis plusieurs semaines, la "communauté du vélo" s'est unie dans une mobilisation inédite pour "retrouver sa place sur la route" où elle s'estime insuffisamment respectée, voire parfois en danger.

Le Tour de France s'ouvre samedi après des semaines marquées par plusieurs accidents et la mort de deux coureurs, le professionnel Michele Scarponi (37 ans) le 22 avril et l'amateur Grégoire Somogyi (44 ans) le 26 mai, renversés à l'entraînement.

La question de la sécurité des cyclistes s'est même invitée sur la dernière grande course d'avant-Tour, le Critérium du Dauphiné. Le 5 juin, à peine descendu de vélo après sa victoire sur la deuxième étape, le sprinter français Arnaud Démare a appelé à "une prise de conscience aux cyclistes et aux automobilistes": "Chacun doit respecter l'autre, la route se partage. Il y a assez de victimes".

Le 9 mai, le triple vainqueur du Tour de France Chris Froome avait également posté sur Twitter une photo de son vélo, "totalement détruit", après avoir été "percuté volontairement par un automobiliste impatient qui (l'a) suivi sur le trottoir" sur une route du sud-est de la France.

Pour beaucoup de cyclistes, ces cas emblématiques incarnent leur sentiment de vulnérabilité au quotidien. En 2016, 162 cyclistes ont été tués sur les routes de France, un chiffre reparti à la hausse depuis 2010 (+10%).

Exaspérés, deux cyclistes amateurs, Teodoro Bartuccio et Niels Brouzes, ont lancé fin mai le collectif "Mon vélo est une vie". "J'ai mis un message sur Facebook, il y a eu plus de 2.500 partages, 400 messages. J'ai compris qu'il y avait une réelle attente de la communauté", raconte Teodoro Bartuccio.

Outre les cyclistes sportifs, les usagers quotidiens de la bicyclette ont rejoint ce mouvement créé pour "retrouver (leur) place sur la route". Le 17 juin, ils étaient quelques milliers rassemblés à Paris et dans plusieurs villes de France, allongés symboliquement à côté de leur vélo en hommage aux cyclistes tués.

- 'Culture de cohabitation' -

"Cette série noire, avec des personnalités, a rendu les choses visibles et renforcé l'idée que ce n'est pas une fatalité, qu'il y a des responsabilités, que ce soit des usagers - cyclistes ou autres - ou de l'aménageur de la voirie", explique Charles Maguin, président de l'association Paris en selle.

Dépassements dangereux, distances de sécurité non respectées, incivilités, pistes cyclables entravées... Les exemples, partagés sur les réseaux sociaux, sont légion.

"J'ai peur quand je prends mon vélo", confie Nicolas, un cycliste parisien. "J'ai équipé mon vélo d'une caméra pour pouvoir prouver ma bonne foi, au cas où. Ça a aussi un rôle dissuasif : quand je montre ma caméra à un automobiliste énervé, il se calme", ajoute-t-il.

Les comportements des automobilistes ne se sont pas particulièrement dégradés "mais il y a plus de cyclistes donc la cohabitation devient plus difficile, voire conflictuelle", estime Tristan Horreaux, vice-président du club amateur Paris Cycliste Olympique.

Il déplore un "manque de culture de cohabitation sur la route, comme dans les pays du Nord". "Il y a une inconscience, parfois une haine, de certains automobilistes, mais aussi des torts côté cyclistes : avec le phénomène Vélib', certains circulent à vélo sans forcément être formés au fait de cohabiter avec des automobilistes. Il y a des livreurs à vélo qui roulent comme des fous", admet-il.

Les cyclistes plaident avant tout pour une sensibilisation aux bonnes pratiques. "Les aménagements dédiés à la sécurité existent mais ils ne sont quasiment jamais respectés par les autres usagers. C'est rageant et dangereux", explique Charles Maguin.

Teodoro Bartuccio plaide, lui, pour un "travail de pédagogie sur les scolaires" : "Ce sont les automobilistes de demain".

Profitant du puissant écho du Tour, la Sécurité routière lance jeudi une campagne intitulée "La route se partage", rappelant quelques règles comme les 1,50 m nécessaires pour dépasser un cycliste (un mètre en ville).

À la une