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SNCF: l'intersyndicale veut négocier avec Edouard Philippe

L'intersyndicale CGT-Unsa-SUD-CFDT de la SNCF a décidé jeudi de suspendre sa participation à la concertation avec la ministre des Transports Elisabeth Borne et veut négocier avec le Premier ministre Édouard Philippe sur la réforme ferroviaire, a annoncé à la presse Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminots.

Ces quatre syndicats représentatifs de la SNCF ont établi cette "position unitaire sur la négociation", lors d'une réunion à Paris, après "les annonces du Premier ministre ces derniers jours qui (les) ont tous surpris", a déclaré M. Brun. Il faisait référence à l'annonce par Matignon, lundi, du projet de filialisation du fret de la SNCF et à celle, mercredi, de la date de la fin du recrutement au statut de cheminot (au 1er janvier 2020).

"Cette posture intervient alors que l'essentiel de la concertation a été menée et qu'elle doit s'achever la semaine prochaine", a dit Mme Borne dans un e-mail à l'AFP, ajoutant qu'elle "regrette" cette décision. La réforme de la SNCF est "nécessaire" et sera "conduite jusqu'à son terme", a-t-elle assuré, en notant que la concertation avait "permis des ouvertures sur les modalités" lors d'un "dialogue d'une grande utilité".

Le trio CGT Cheminots, Unsa ferroviaire et CFDT Cheminots a confirmé la poursuite de la grève selon "le calendrier annoncé", par épisode de deux jours sur cinq, "jusqu'à fin juin". Ce mouvement est entré jeudi dans sa huitième journée. SUD-Rail appelle, lui, à une grève illimitée depuis le début du mouvement de protestation contre la réforme de la SNCF, dont la fin des embauches au statut de cheminot.

"Nous avons décidé collectivement d'adresser un courrier au ministère (des Transports, ndlr) pour lui dire que nous suspendons notre participation aux (réunions) bilatérales" prévues "cette semaine et la semaine prochaine", a précisé M. Brun.

Les quatre syndicats représentatifs vont également "adresser un courrier unitaire au Premier ministre pour lui demander de (les) recevoir et pour que ce soit lui qui organise, à partir de maintenant, la négociation puisque, semble-t-il, c'est lui qui prend toutes les décisions concernant l'évolution du dossier", a ajouté M. Brun.

"L'unité syndicale est totale sur l'interprétation de la situation, sur la colère par rapport aux annonces gouvernementales et sur l'appel aux cheminots à renforcer la mobilisation", a-t-il poursuivi.

- "Déficit de confiance" -

Le ministère des Transports "n'est pas le lieu où sont prises les décisions aujourd'hui", a déclaré Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT Cheminots. "Quand on est en négociation la veille au ministère des Transports, on ne nous dit pas que la décision est prise sur la date de suppression du statut" de cheminot et "le lendemain, on (l')apprend par la presse", après une annonce de Matignon, donc "manifestement, c'est au minimum Matignon" qui prend les décisions, a-t-il ajouté.

"On a besoin d'une méthode et d'un engagement ferme de négociation (...) dans la durée", a souligné M. Aubert, qui a appelé au "renforcement de la mobilisation". "L'accélération de l'annonce démontre peut-être une certaine fébrilité aussi de la part du gouvernement, qui souhaiterait en finir rapidement avec ce sujet et les périodes de mobilisation", a-t-il dit.

Roger Dillenseger, secrétaire général de l'Unsa ferroviaire, a relevé le "déficit de confiance" des syndicats à l'égard du ministère des Transports. "On a demandé des négociations, on se retrouve à des réunions d'échanges et in fine", la presse publie "des dates sans même qu'on nous en parle", a-t-il dénoncé.

"J'ai exprimé très violemment mon agacement hier (mercredi) soir, autant du côté du ministère que du côté de la direction de l'entreprise" car il n'est "pas normal qu'on soit informé (...) via les médias", a critiqué M. Dillenseger.

Bruno Poncet, secrétaire fédéral de SUD-Rail, a dénoncé une concertation "inutile", n'offrant "pas de réponses", avec une ministre "quasiment jamais là", ainsi qu'une réforme "pas préparée, injuste, qui va apporter plus de problèmes que de solutions". "Il faut une réforme, mais pas celle-là", a-t-il affirmé.

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