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Cigarettes: les prix restent stables malgré des hausses de taxes

Les fabricants de tabac renoncent à augmenter le prix des cigarettes en France malgré des hausses de taxes, au grand dam des professionnels de santé qui se réjouissent en revanche du relèvement des prix du tabac à rouler.

Comme l'avait laissé entendre mardi la ministre de la Santé Marisol Touraine, les fabricants n'ont finalement pas relevé les prix des paquet de cigarettes malgré des taxes en hausse, contrairement à ce qu'ils avaient menacé de faire l'an dernier. En janvier, deux nouvelles taxes, une sur le tabac à rouler et l'autre sur la distribution, sont entrées en vigueur après le vote du budget de la Sécurité sociale à l'automne.

Selon un arrêté d'homologation des prix paru jeudi au Journal Officiel, plusieurs marques maintiennent leurs prix, ou se contentent de légères augmentations. C'est l'exemple du paquet de Winston ou de News bleu, qui restent tous deux à 6,50 euros, tandis que les différents paquets de Marlboro -marque la plus vendue- s'affichent toujours à 7 euros. Le paquet de Camel passe lui de 6,90 à 7 euros.

Le tabac à rouler subit en revanche une augmentation globale. Par exemple, un pot de la marque Fleur de Pays passe de 7,40 à 8,50 euros.

Cette nouvelle nomenclature de prix entrera en vigueur le 20 février.

En France, ce sont les fabricants, pas l'Etat, qui fixent les prix de détail, "librement" comme dit la loi. Ils doivent simplement les faire homologuer par le gouvernement, qui s'assure que ces tarifs ne sont pas inférieurs au prix de revient et à l'ensemble des taxes.

"Nous n'avons pas répercuté la hausse de taxes sur le prix des cigarettes car pour le moment, cela n'est pas applicable", explique à l'AFP Eric Sensi-Minautier, directeur des affaires publiques, juridiques et de la communication chez British American Tobacco (BAT), propriétaire de nombreuses marques dont Lucky Strike et Dunhill.

- "Casser la consommation" -

Benoit Bas, directeur des affaires publiques de Japan Tobacco International (JTI) en France, regrette lui que "le gouvernement accuse les fabricants de ne pas augmenter le prix des cigarettes. Il a tout fait pour qu'il n'augmente pas. Il y a quelques mois l'outil principal de la baisse de consommation était le paquet neutre (...). S'il veut faire preuve de cohérence, le gouvernement peut, comme il l'a fait sur le tabac à rouler, augmenter le minimum de perception sur les cigarettes et les prix des cigarettes augmenteront automatiquement comme ils l'ont fait pour le tabac à rouler", lance-t-il.

Ce minimum de perception a été évoqué succintement par le gouvernement comme idée de levier possible pour une hausse des prix des cigarettes. En attendant, Mme Touraine a d'ores et déjà affirmé mardi que "les hausses viendront plus tard (...). Je ne lâcherai pas car augmenter le prix du tabac c'est important en terme de santé publique", a-t-elle martelé.

Du côté des professionnels de santé, la stabilité des prix des cigarettes agace, quand l'augmentation de ceux du tabac à rouler "rassure".

"Pour les cigarettes, c'est une très mauvaise nouvelle. Ce qui est nécessaire et souhaité, c'est une hausse significative et répétée, c'est le seul moyen de casser la consommation", soutient le professeur Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme (CNCT), qui se "félicite" par ailleurs de l'augmentation des prix du tabac à rouler.

Bertrand Dautzenberg, pneumologue à La Pitié-Salpêtrière (Paris) et président de l'Office français de prévention du tabagisme (OFT), explique le choix des fabricants de ne pas "toucher" aux prix des cigarettes: "l'arrivée des paquets neutres sur le marché français, le mois sans tabac en novembre et l'essor de la cigarette électronique sont des paramètres qui peuvent expliquer la baisse de vente des cigarettes, et donc la nécessité de maintenir les prix à leur niveau".

Côté buralistes, on s'insurge contre l'augmentation du tabac à rouler. "On creuse encore un peu plus l'écart avec les pays voisins comme la Belgique ou le Luxembourg, où les prix ne bougent pas", regrette Pascal Montredon, président de la Confédération des buralistes, qui dit craindre "une hausse forte de la contrebande" sur ce type de tabac.

La dernière hausse des prix du tabac en France remonte à 2014. Elle avait porté le prix du paquet le moins cher à 6,50 euros et celui du plus cher à 7 euros.

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