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Thomas Piketty, économiste de renom, plaide pour un impôt sur la fortune: éviter que l’Europe soit réduite à des rentiers et des pauvres

Place à l’économie et aux entreprises avec Bruno Wattenbergh, économiste. L’invité de la rédaction de ce jeudi matin, c’était Thomas Piketty. L’occasion de rappeler qui est cet économiste mondialement reconnu et très controversé.

Qui est Thomas Piketty, cet économiste qui défraie les chroniques depuis plus d’un an avec son fameux livre "Le Capital au XXième siècle" ?

Bruno Wattenbergh: D’abord un scientifique d’exception, doctorant à 22 ans et qui obtient le prix de la meilleure thèse française de l’année. Il enseigne, bien sûr, au prestigieux MIT, pour créer ensuite l’Ecole d’économie de Paris.


C’est aussi un homme politiquement engagé ?
Bruno Wattenbergh: Oui, il quitte cette école pour rejoindre la campagne de Ségolène Royale, il rejoint ensuite François Hollande, dont il s’éloigne ensuite car il considère que le Président français fait l’inverse de ce qu’il faudrait faire pour relancer la France et qu’il fait preuve d’une improvisation détestable.


Et il y a un véritable lien entre son engagement politique et ses recherches ... ou l’inverse ?
Bruno Wattenbergh: Exactement. Sa thèse de doctorat portait sur la théorie de la redistribution des richesses, et elle illustre bien son obsession d’étudier les inégalités économiques, thème dont il est devenu l’expert mondial de référence. Une expertise qui lui a valu de rencontrer les plus grands, comme Barack Obama, ou d’être complimenté par les plus grands prix Nobel d’économie. 

Et puis il y a son chef d’œuvre, ce livre le Capital, 3 millions d’exemplaires vendus ... !
Bruno Wattenbergh: Oui ... 900 pages, des dizaines de graphiques, de tableaux de statistiques, une brique indigeste qui s’est pourtant vendue comme un thriller en français et en anglais. 

Qu’est-ce que ce livre a de particulier ?
Bruno Wattenbergh: D’abord, il arrive en pleine crise économique mais aussi politique. A un moment de notre histoire contemporaine où le monde pensait que la croissance était durablement installée et où il découvre brutalement l’austérité. Ensuite, le livre de Piketty est construit sur de solides bases statistiques, assemblées sur plusieurs décennies, voire sur plusieurs siècles. Enfin, la théorie elle-même est intéressante. Elle tente d’expliquer le lien qui existe entre la rentabilité du capital et la croissance économique. Ou dit en d’autres mots, comment ceux qui détiennent du capital deviennent de plus en plus riches par rapport à des salariés qui ne peuvent que compter sur la croissance. Une dynamique qui s’aggrave bien sûr avec la crise et qui plaide pour un impôt sur la fortune. Le but d’un tel impôt étant d’éviter que l’Europe soit réduite à deux catégories de personnes, des rentiers et des pauvres.


Mais ce livre est également extrêmement controversé ?
Bruno Wattenbergh: Oui bien sûr, notamment, car le livre comporte de nombreuses exactitudes, mais surtout aussi car les propositions de Thomas Piketty glacent les capitalistes du monde entier.


Pour conclure, le chiffre éco du jour ?
Bruno Wattenbergh: 8.600€ brut ... c’est la prime payée la semaine passée par la marque de voiture de sport Porsche à 14.600 de ses employés. La résultante d’une année 2014 qui est la meilleure de l'histoire de la marque. Avec 190.000 véhicules vendus, Porsche a augmenté ses livraisons de 17% et son chiffre d’affaire de 20%. Et c’est le discours de Porsche qu’il faut relever, le PDG expliquant que les employés de la marque sont aussi exceptionnels que la marque et que cette prime n’est pas un cadeau, simplement la juste rétribution du travail des équipes.

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