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Tremblement de terre: les Chinois s'apprêtent à faire main basse sur le Népal

L'économiste Bruno Wattenbergh a détaillé la situation économique du Népal après le tremblement de terre dont a été victime le pays. Une catastrophe dramatique sur le plan humain, mais qui va également avoir de graves conséquences sur la situation économique du pays.

Bruno Wattenbergh a évoqué la situation économique du Népal après le tremblement de terre, ce mardi matin sur Bel RTL.

Le Népal a connu un grave tremblement de terre, avec logiquement des conséquences humaines dramatiques, mais aussi des impacts économiques. Mais d’abord quelle est la carte d’identité économique de ce pays ?

Et bien, le Népal est tout simplement l'un des pays les plus pauvres du monde. Et sa situation s’illustre en quelques chiffres et classements : 18ème pays le plus pauvre du monde, un Produit Intérieur Brut par habitant d’à peine 700$, le 157ème rang sur 187 à l'indice du développement humain et environ 25 % de ses 27 millions d'habitants qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Rien à voir donc avec ses riches voisins Indien ou Chinois, même si avant le séisme, la croissance du PIB atteignait un honorable 5%.

Quelles sont les ressources du pays ? Le tourisme sûrement ?

Effectivement. Ce tourisme représente 10% du PIB. En fait le pays s’est ouvert tardivement au tourisme mondial. Il a d’abord bénéficié des hippies de Katmandou et ensuite du développement d’un alpinisme et d’un trekking de masse, le pays comptant un des huit plus hauts sommets du monde ! Pour vous donner une idée, selon la Banque mondiale ce sont chaque année 800.000 touristes qui visitent le Népal.

Y-a-t-il d’autres secteurs qui tirent leur épingle du jeu dans l’économie népalaise ?

Non. L’industrie avec 14% du PIB, reste sous-développée, souffrant à la fois d’un manque d’infrastructure, d’un déficit en énergie et d’un manque d’investissements étrangers. Et puis il y a surtout l'agriculture qui occupe 80% des 29 millions de Népalais

Quel impact va avoir le séisme sur l’économie du pays ?

Dramatique bien sûr ! 36 districts sur 75 ont été touchés. Le Népal n’a déjà pas la capacité de financer les secours. Il n’a pas non plus les capacités de financer une reconstruction dont le coût pourrait représenter entre 20% et 100% du PIB, c'est-à-dire de la production de toutes les richesses que le Népal est susceptible de produire. Impossible bien sûr ! Quel que soit le secteur économique, il sera impacté par la destruction des infrastructures. On pense au tourisme, avec la disparition de nombres d’équipements collectifs, hôtels, routes, mais aussi de monuments historiques perdus à jamais. Ou à l’industrie avec l’enjeu de l’énergie.

Que va-t-il se passer ?

Ce séisme va rendre le Népal encore plus dépendant des aides extérieures. D’abord des transferts d’argent des expatriés qui représentent déjà un quart de ce PIB. Ensuite, bien sûr, il y aura l’aide humanitaire internationale, mais l’on sait que celle-ci sera temporaire. Ce que le pays a besoin c’est des investisseurs à long terme, en infrastructures, des investisseurs qui n’ont par exemple pas peur de construire des barrages susceptibles de résister à des séismes de magnitude importante. Et là, il faudra observer ce qui va se passer entre la Chine et l’Inde, avec sans doute nos amis chinois qui vont pousser leur influence et sans doute leurs investissements au Népal.

Bruno, pour conclure, le chiffre éco du jour ?

80$ ... La production la montre Apple coûterait 80$ à peine ... soit 4 fois moins que son prix de vente. Si cela s’avère vrai, cela en ferait l'appareil de la gamme mobile d'Apple le plus rentable.

Bruno Wattenbergh

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