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Un an après la disparition du MH370, les familles dans un abîme de souffrances

Li Hua a subi un accident vasculaire cérébral et a des envies de suicide depuis que sa fille a disparu. Un an après, le mystère persiste sur le sort du vol MH370 de la Malaysian Airlines et les familles sont plongées dans des souffrances indicibles.

Le vol MH370 qui effectuait la liaison entre Kuala Lumpur et Pékin a disparu des radars le 8 mars 2014 avec 239 personnes à bord, dont deux tiers de ressortissants chinois.

Le 29 janvier, la Malaisie a officiellement déclaré que cette disparition était un accident et que les passagers et membres d'équipage de l'appareil étaient présumés morts.

Mais malgré des opérations de recherches internationales considérées comme les plus étendues et les plus coûteuses de l'histoire de l'aviation civile, aucun indice significatif n'a permis de faire la lumière sur ce qui est arrivé au Boeing 777.

A l'approche de la date anniversaire de la tragédie, les familles décrivent un abîme de souffrances.

A. Amirtham, une employée de clinique retraitée de nationalité malaisienne, a des crises d'évanouissement, n'a plus sommeil et a perdu l'appétit depuis la disparition de son fils unique, Puspanathan.

Li Jiuying ne se remet pas d'avoir perdu son grand-frère Li Guohai. Cette Chinoise souffre aussi d'avoir voulu épargner à leur mère la nouvelle de la disparition et porte sur ses épaules le poids du mensonge.

Li Hua, 58 ans, vient tout juste de récupérer l'usage de son bras gauche après son AVC. Cet homme d'affaires chinois était autrefois un fana de sport. "Maintenant, je me sens juste malade", dit-il en enchaînant cigarette sur cigarette. "Je pense au suicide mais je dois rester en vie pour ma femme, et pour me battre pour la vérité". Sa femme a elle été hospitalisée pour des problèmes cardiaques.

Une heure après son décollage, l'appareil a changé brusquement de cap sans explication. Il a viré vers l'ouest, puis le sud, en direction de l'océan Indien.

Les familles sont passées par des montagnes russes émotionnelles au gré des multiples fausses pistes qui se sont succédé.

-Impossible de tourner la page-

Elles n'acceptent pas la déclaration officielle d'accident qui ouvre la voie à des dommages et intérêts. Elles réclament des preuves, accusant le gouvernement comme la compagnie aérienne de cacher des informations.

"Il n'y a pas pour nous de possibilité de tourner la page", dit Grace Subathira, une avocate malaisienne dont la mère se trouvait dans l'avion. "Cela a bouleversé notre vie. Plus rien ne peut être comme avant".

Les autorités malaisiennes, qui n'ont révélé aucune information nouvelle depuis près d'un an, doivent publier le 7 mars leur rapport d'enquête. Mais elles ont déjà fait savoir en janvier que la disparition restait un mystère.

Nombre de proches se plaignent d'avoir perdu le sommeil, de subir des crises de panique, de souffrir d'hypertension et de problèmes cardiaques.

Certains n'ont pas pu rentrer chez eux depuis le drame. "Comment pourrions-nous rentrer à la maison?", demande Wang Rongxua, une mère chinoise de 60 ans qui a perdu son fils de 37 ans. "C'est trop douloureux".

Elle rejette avec colère la possibilité qu'il soit mort. En larmes, elle assure qu'il va revenir.

Les familles souffrent de ce que les spécialistes qualifient de "perte ambiguë", la disparition incertaine de l'être aimé, explique Sarah Wayland, spécialiste du conseil aux familles de disparus.

"Les gens se retrouvent figés dans le temps de la disparition", dit-elle. "La seule façon d'en sortir c'est d'accepter que peut-être, ils ne sauront jamais. C'est incroyablement difficile et cela peut prendre des années".

Ni le gouvernement malaisien ni la compagnie aérienne n'ont accepté de répondre aux questions de l'AFP.

Le fait que l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) vient d'adopter des mesures pour améliorer le suivi des vols afin d'éviter la réédition de telles disparitions ne console pas les familles.

Le sort des disparus reste "un trou noir", dit K.S Narendran, un consultant indien qui a perdu son épouse Chandrika Sharma. Son diabète s'est aggravé. Il a des mystérieuses douleurs au cou et au bras.

Pour survivre, il tient un blog où il raconte les dernières spéculations sur l'appareil. Mais il ne sait pas comment il va pouvoir avancer. "Les familles savent que l'être aimé est parti. Mais comment mettre ça derrière nous et passer à autre chose? Nous ne savons pas commencer faire ce pas".

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