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"Chemise arrachée" à Air France: premier épisode judiciaire pour cinq salariés

Cinq employés d'Air France mêlés à l'épisode de la "chemise arrachée" du DRH vont connaître mercredi la date de leur procès. Mais sans attendre, des centaines de manifestants ont rendez-vous à la mi-journée au tribunal de Bobigny pour soutenir des accusés "pris pour l'exemple".

Les prévenus, sous le coup d'un licenciement, devraient être jugés au printemps. L'audience de mercredi est une simple étape pour fixer la date de leur procès.

Attendus à 13H00 au tribunal correctionnel de Bobigny, ils sont poursuivis pour "violences" exercées sur deux cadres et sur des vigiles en marge du comité central d'entreprise (CCE) mouvementé du 5 octobre.

Dix autres salariés sont en outre jugés pour des "dégradations", a-t-on appris auprès de la CGT qui compte des adhérents parmi les prévenus. Dix plaintes avaient été déposées auprès du parquet de Bobigny, neuf pour des "violences" et une déposée par Air France pour "dégradations".

Les images du directeur des ressources humaines Xavier Broseta fuyant torse nu devant des manifestants en colère, après l'annonce d'une restructuration menaçant jusqu'à 2.900 emplois, ont fait le tour du monde. L'épisode avait suscité de multiples réactions politiques, le Premier ministre Manuel Valls qualifiant de "voyous" les fauteurs de troubles.

Pour soutenir les salariés "injustement incriminés" et "pris pour l'exemple", 13 syndicats de la compagnie ont appelé à un vaste rassemblement à partir de midi. Plusieurs personnalités de gauche, dont Jean-Luc Mélenchon, Eric Coquerel (Parti de gauche), Philippe Poutou et Olivier Besancenot (NPA), sont attendues.

La CGT nationale, des unions locales, mais aussi Solidaires ont annoncé qu'elles viendraient grossir les rangs contre la "violence patronale" et défendre le droit à manifester sous l'état d'urgence, après les nombreuses interpellations de dimanche en marge du rassemblement pour le climat à Paris.

- 'Comme des malfrats' -

"Ils sont traités comme des malfrats", a dénoncé mercredi sur France-Info le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, en jugeant "démesurées" les sanctions prises à l'encontre des salariés.

"Pour la direction il s'agit de faire condamner des boucs émissaires, des salariés qui, avec des milliers d'autres défendent leurs emplois", assure pour sa part le NPA.

En lien avec le rassemblement prévu à Bobigny, des appels à la grève ont été lancés par le Spaf (21%) et Alter (non représentatif), côté pilotes, et au sol par la CGT, FO et SUD aérien (non représentatif).

Mais selon la compagnie, l'impact des préavis déposés sera "très limité". "On acheminera tous nos clients vers leurs destinations", a indiqué mardi soir à l'AFP un porte-parole, assurant qu'aucun vol ne sera annulé.

Parallèlement au volet judiciaire, des procédures disciplinaires sont en cours à Air France, notamment à l'encontre des prévenus. Sur les cinq licenciements engagés, un a été confirmé vendredi, après le rejet d'un recours gracieux.

La demande "d'amnistie" est également en train d'être étudiée pour trois autres. Concernant la cinquième personne, un délégué du personnel (CGT) d'Air France Industries, l'inspection du travail examine actuellement son dossier avant de rendre son avis à la compagnie.

Une caisse de solidarité, mise en place par la CGT, a permis de récolter près de 46.000 euros pour les salariés mis à pied et sans solde depuis le 12 octobre.

Deux pilotes sont également sous le coup d'une procédure disciplinaire pour avoir facilité l'entrée de manifestants dans la salle où se tenait le CCE le 5 octobre. Onze autres employés, suspectés d'avoir secoué une grille d'accès au siège d'Air France, ont été sanctionnés par une mise à pied de 15 jours.

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