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Vivendi à la recherche du jackpot du jeu mobile avec Gameloft

A la recherche du futur jackpot du jeu mobile avec sa filiale Gameloft, l'appétit du géant des médias Vivendi pour le jeu vidéo n'est pas satisfait et il cherche à grandir par des acquisitions.

"Gameloft a un portefeuille de 20 jeux mais aucun dans le top 5", concède son PDG, Stéphane Roussel.

"Dans un marché pléthorique" avec quelque 600 nouveaux jeux chaque jour dans l'Apple Store, "l'enjeu est de faire des jeux distinctifs", explique le responsable à des journalistes à l'occasion d'une visite du studio Gameloft de Barcelone.

Partant de ce constat, "on s'est organisé pour se donner des chances de trouver le succès de demain, on verra cela dans un an ou un an et demi".

Le groupe de Vincent Bolloré s'est emparé en 2016, à la faveur d'une OPA, de l'éditeur mobile Gameloft, société soeur d'Ubisoft, toutes deux créées par les frères Guillemot.

L'éditeur s'est fait un nom grâce à son jeu de courses de voitures Asphalt, une création originale, et de nombreux jeux inspirés de films ou dessins animés développés en partenariat avec les propriétaires des franchises.

Mais il n'est jamais parvenu à rivaliser avec les succès planétaires de jeux comme Clash of Clans (Supercell) ou Candy Crush (King). Et il peine à monétiser ses jeux dans un marché dominé par le "freemium" où on peut jouer des heures sur son téléphone sans débourser un centime.

En prenant les rênes de Gameloft, Vivendi a incité ses équipes à soumettre de nouveaux projets pour tenter de trouver le "Clash of Clans" de demain. Sur 80 projets soumis, le groupe en développe quatre.

"C'est un marché de +winner takes it all+ (dans lequel le gagnant remporte la mise NDLR)", renchérit le directeur financier, Alexandre de Rochefort.

- Un jeu Paddington à l'automne -

En attendant, Gameloft espère faire un carton avec "Paddington Run", un jeu dont la sortie à l'automne coïncidera avec le film "Paddington 2", produit par StudioCanal, une autre filiale de Vivendi.

Dans son studio de Barcelone, à l'ombre de la basilique de Gaudi, la Sagrada Familia, certains des 150 collaborateurs de Gameloft travaillent sur des projets encore top secrets.

Les autres continuent à plancher sur les deux principaux succès du studio qui datent de 2013: "Moi Moche et Méchant: Minion Rush" et le jeu de courses "Asphalt 8: Airborne". Produire des contenus additionnels est une façon d'allonger la durée de vie et la rentabilité de ces valeurs sûres.

Gameloft propose ainsi des courses deux roues aux fans d'Asphalt. "Maintenant, on peut jouer avec des motos au lieu de voitures, on veut parvenir à conserver l'engagement des joueurs. Pour qu'ils continuent à investir dans le jeu", explique Ignacio Martin, senior producer du jeu.

Gameloft n'étant plus coté en Bourse, Vivendi assure vouloir ne sortir que des jeux aboutis, quitte à abandonner certains projets.

Après un rythme ralenti en 2016, Gameloft devrait sortir une dizaine de jeux cette année.

Mais l'objectif de 65 millions de résultat opérationnel courant d'ici 2018, confirmé l'an dernier, est abandonné.

"On va plutôt investir dans la créativité que de cracher 65 millions" explique le directeur financier. "Le contexte a changé on met plus de temps à développer les jeux", explique-t-il.

Gameloft vise désormais une croissance de 10% par an "à terme" et veut doubler dès cette année sa marge opérationnelle.

Pour ce faire, Gameloft compte sur une montée en puissance des revenus publicitaires. Ils ont fourni 13% du chiffre d'affaires du 1er semestre, de 130 millions d'euros, pour un résultat opérationnel courant plus que modeste de 2 millions.

"Malgré ses qualités, Gameloft ne suffit pas à l'échelle de Vivendi", "il faut grandir", reconnaît Stéphane Roussel.

Il ne dévoilera pas les intentions du groupe sur Ubisoft, dont il détient quelque 27% du capital, alors que la famille fondatrice Guillemot est opposée à tout rapprochement avec Vivendi.

"On veut grossir: le plus naturel, c'est avec Ubisoft, mais on va grandir de toutes façons", et Vivendi "examine aussi d'autres cibles". "On est très sollicités", explique Stéphane Roussel.

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