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Plateformes VTC et Loti: des centaines de chauffeurs en colère place de la Nation

Des centaines de chauffeurs travaillant pour les plateformes VTC et Loti se sont rassemblés mardi place de la Nation à Paris, pour une nouvelle journée de mobilisation contre les assurances données récemment par le gouvernement aux taxis.

Plusieurs centaines de berlines noires -- 1.200 selon les organisateurs et 330 selon la police -- ont stationné au centre de la grande place de l'Est parisien, laissant la circulation libre sur une seule voie, avant de se disperser en milieu d'après-midi.

Un nouveau rassemblement est prévu mercredi place de la République.

Nombre de manifestants avaient placé sur les pare-brises des affichettes ou portaient des t-shirts clamant: "10.000 emplois en danger", "On est bien mal loti", "Valls m'a tuer" ou "Valls=G7", la principale compagnie de taxis francilienne.

"C'est notre cinquième journée de mobilisation", a relevé devant les médias Joseph François, président de l'association Alternative mobilité transport (AMT), en pointe dans les manifestations depuis la semaine dernière.

Le député socialiste de Côte d'Or Laurent Grandguillaume, nommé médiateur par le gouvernement, a entamé des consultations avec les différents acteurs du transport individuel, mais M. François a estimé que "le gouvernement n'a(vait) pas compris qu'il fallait prononcer un arrêt des mesures, le temps que M. Grandguillaume mène ses travaux à terme". "On négocie en même temps qu'on nous place sur la guillotine", a-t-il dénoncé.

Il a ensuite indiqué que les chauffeurs étaient appelés à se rendre mercredi à partir de 09H00 place de la République, mais souligné qu'il attendait moins de participation que mardi, "une cinquantaine de véhicules". Les autres chauffeurs "doivent aussi travailler pour essayer de gagner leur vie", a fait valoir M. François.

La mobilisation concerne surtout les chauffeurs de transport à la demande qui exercent avec une licence de transport collectif (Loti), à qui les taxis reprochent d'effectuer des courses individuelles au mépris de la loi.

- Découragement -

Les représentants de ces dernières ont à nouveau rencontré M. Grandguillaume mercredi, a confié à l'AFP Yves Weisselberger, PDG de SnapCar. Les plateformes proposent "une sorte de moratoire qui donne le temps aux Loti de se convertir en VTC", a-t-il expliqué. Mais "à ce stade, je n'ai pas l'impression que (les autorités) vont retenir l'idée", selon lui.

Les pouvoirs publics font valoir, selon M. Weisselberger, qu'il est possible de convertir des licences Loti en VTC au bout de 12 mois d'expérience, ou de passer les examens dont la teneur a été précisée la semaine dernière.

Les plateformes réfléchissent à s'adapter en envoyant par exemple des Loti "uniquement lorsqu'il y a plusieurs passagers, pour se conformer à la législation", a ajouté M. Weisselberger, en disant s'attendre à ce que M. Grandguillaume remette ses propositions d'ici à la fin de la semaine.

A la Nation, le découragement s'entendait chez certains manifestants.

"On commence à voir que c'est limite une cause perdue, mais au moins, si le 28 on est foutu, on se sera battu jusqu'au bout. Une grosse partie des chauffeurs sont des jeunes des cités, il y a quelques années ils brûlaient des voitures. Là, ils ont un projet", a expliqué Carlos Da Silva, 21 ans, salarié d'une société Loti depuis décembre.

Certains ont déjà renoncé, comme Rudi Sombé, 28 ans.

"J'ai arrêté de travailler jeudi, car un collègue s'est fait prendre en acceptant des clients à la sortie de gare de Lyon. Il a dû payer 1.500 euros d'amende et s'est fait emmener au commissariat. On a déjà assez de problèmes comme ça, je ne veux rien faire d'illégal", a-t-il raconté à l'AFP.

Les plateformes ont dit depuis le début soutenir le mouvement, et l'AMT leur a demandé d'interrompre symboliquement leurs activités mardi. Mais seule Uber a répondu à cette demande en suspendant l'accès à son application entre 11H00 et 15H00. Une vingtaine de ses représentants sont venus à la Nation pour distribuer des encas aux chauffeurs.

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