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VTC: fin de la médiation, la proposition d'Uber ne satisfait pas

Uber a proposé mardi une aide financière aux chauffeurs de VTC en difficulté, notamment pour leur permettre de mieux gérer leurs charges, mais cette proposition ne satisfait pas les syndicats, alors que le médiateur rendra mercredi ses conclusions au gouvernement.

La plate-forme américaine, dans le viseur des chauffeurs de VTC (voitures de transport avec chauffeur) après la baisse des prix et le relèvement de la commission qu'elle perçoit sur les courses, a assuré mardi qu'elle accorderait une aide transitoire aux chauffeurs en difficulté, octroyée sous le contrôle de conducteurs désignés par leurs organisations représentatives.

"C'est une proposition que je juge satisfaisante", a déclaré le médiateur nommé le 20 décembre par le gouvernement, Jacques Rapoport, lors d'une conférence de presse.

L'ensemble des situations doit être traité "d'ici juillet", et le médiateur a estimé qu'il y aurait "des centaines, voire des milliers" de cas.

"Ce qu'il convient d'abord, c'est d'identifier les chauffeurs vraiment en difficulté", a-t-il expliqué, précisant que les chauffeurs ciblés seraient ceux connectés au moins 40 heures par semaine et qui gagnent moins de 21 euros brut par heure.

Cette aide sera "transitoire, le temps" que chacun de ces chauffeurs "adapte ses méthodes de travail", a ajouté M. Rapoport, et les attributions se feront "sous le contrôle d'une commission composée de chauffeurs désignés par leurs organisations représentatives".

Cette proposition doit permettre de professionnaliser ces chauffeurs indépendants, les aider dans la gestion de leur activité.

Aucune enveloppe financière n'est fixée, mais Uber "s'engage à mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires pour que les chauffeurs en difficulté retrouvent une situation +standard+", a précisé M. Rapoport.

"Uber admet (ainsi) que la politique qu'il a pu conduire a entraîné des situations dégradées", selon M. Rapoport.

- "Début de dialogue social" -

Le médiateur a toutefois reconnu que cela ne répondait pas aux revendications des chauffeurs, qui demandaient une hausse des tarifs et une baisse de la commission prélevée par Uber.

Syndicats et associations de chauffeurs ont accueilli plutôt froidement cette annonce.

Pour Jean-Luc Albert de l'association Actif-VTC, "les raisons du conflit ne sont pas résolues. (...) Uber a l'art de faire durer les choses pour instaurer de la lassitude".

Pour Sayah Baaroun de l'Unsa-VTC, à la pointe de la mobilisation des chauffeurs cet hiver, la proposition est un "enfumage total" et "la médiation n'a pas réussi son objectif", permettre aux chauffeurs d'augmenter leurs revenus.

Yazid Sekhri (CFDT) a relevé qu'il n'y avait "pas de bonnes nouvelles pour l'instant, mais on ne ferme pas la porte aux discussions". En l'état, "c'est encore vague, il n'y a rien de nouveau".

Un porte-parole de la plate-forme américaine a indiqué au contraire qu'"Uber a répondu favorablement aux propositions de M. Rapoport". "Nous nous sommes engagés à un effort considérable en proposant d'établir, en collaboration avec les chauffeurs, un dispositif financier, technique et humain d'envergure pour accompagner les chauffeurs en difficulté vers une meilleure rentabilité", selon Uber.

Jacques Rapoport a annoncé que sa "médiation s'achève aujourd'hui (mardi)" et qu'il remettrait ses conclusions "demain (mercredi) au gouvernement qui apprécierait la suite qu'il convenait d'y donner".

La médiation devait s'achever le 31 janvier, mais avait été prolongée pour examiner une offre de dernière minute d'Uber, qui avait promis "un effort considérable" en faveur des chauffeurs VTC "en difficulté".

Pour Jacques Rapoport, cette médiation a ouvert "un début de dialogue social dans un secteur qui souffre énormément de déficit de dialogue". Le point d’achoppement entre Uber et les chauffeurs persiste, car la plate-forme considère que les tarifs et commissions "(relèvent) de sa stratégie commerciale".

Le médiateur "recommande au gouvernement d'avoir une disposition législative sous le coude", car "il conviendrait que le législateur puisse intervenir en fixant un barème minimal" si besoin.

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